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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, v.

instrument de préhension[1], c’est de pouvoir toujours facilement prendre tous les objets que l’homme est dans le cas de remuer, de quelque forme et de quelque grandeur qu’ils soient. Valait-il donc mieux pour cela que la main fût divisée en parties de formes diverses, ou qu’elle fût faite absolument d’une seule pièce[2] ? Certes il n’est pas besoin d’un long raisonnement pour établir que la main, étant indivise, n’eût pu toucher les corps avec lesquels elle se serait trouvée en contact, que par une surface égale à sa largeur réelle ; mais que divisée en plusieurs parties, elle peut embrasser facilement des objets beaucoup plus volumineux qu’elle, et parfaitement attraper les objets les plus petits. Lorsqu’elle saisit des objets volumineux, elle augmente son étendue par l’écartement des doigts ; et pour les petits, elle n’essaye pas de les prendre en agissant tout entière, car ces objets lui échapperaient, mais il lui suffit d’employer l’extrémité de deux doigts. La main a donc la structure la plus parfaite pour saisir avec fermeté aussi bien les grands que les petits objets ; et, afin de pouvoir saisir des objets de figure variée, il était très-bon que la main fût divisée, comme elle est maintenant, en parties de formes diverses. Or, pour remplir ce but, la main est évidemment de tous les instruments de préhension celui qui est le mieux construit ; pour les objets sphériques, elle peut se plier en rond et les embrasser circulairement de tous côtés ; avec la même sûreté, elle peut saisir les corps planes et ceux qui sont creux ; s’il en est ainsi, elle s’adapte à toutes les formes, puisque toutes les formes résultent de l’assemblage de trois espèces de lignes, convexe, concave ou droite. Comme beaucoup de corps ont un volume trop considérable pour qu’une seule main suffise,

  1. Le premier caractère que Galien reconnaisse ici dans la main (voy. aussi chap. ix, medio), c’est d’être un organe de préhension. De ce caractère il déduit l’usage et l’utilité de presque toutes les parties qui la constituent essentiellement. C’est même en sa qualité d’organe de préhension que la main a pu devenir, en quelque sorte, secondairement un organe de toucher, attendu que pour remplir cette dernière fonction il lui fallait pouvoir se mouler exactement sur les objets avec lesquels elle se mettait en contact. Voy. à ce sujet Utilité des parties, I, xviii ; II, vi ; V, ix, et De temperamentis, I, ix, t. I, p. 567.
  2. Aristote (Part. anim., IV, x, p. 290, l. 46, éd. Bussem.) dit avec beaucoup plus de précision : « La main est fendue et divisée en plusieurs parties. Le fait d’être divisé implique la possibilité de se réunir en une seule pièce ; mais ne former qu’une seule pièce ne permet pas de se diviser. »