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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, iii.

se défendre. Mais l’homme, fait pour la paix aussi bien que pour la guerre, avec les mains écrit les lois, élève aux Dieux des autels et des statues, construit un navire, façonne une flûte, une lyre, forge un couteau, des tenailles, produit les instruments de tous les arts ; dans ses écrits, il laisse des mémoires sur la partie théorique de ces arts ; de sorte que, grâce aux ouvrages écrits et à l’usage des mains, vous pouvez encore vous entretenir avec Platon, Aristote, Hippocrate et les autres anciens.


Chapitre iii. — Que les facultés des animaux viennent de leur propre essence et ne sont pas une suite de la structure de leurs parties.


Ainsi l’homme est le plus sage de tous les animaux, ainsi les mains sont des instruments qui conviennent à un être sage, car l’homme n’est pas le plus sage des animaux parce qu’il a des mains, comme le dit Anaxagore, mais il a des mains parce qu’il est le plus sage, comme le proclame Aristote (De part. anim., IV, x), qui juge très-judicieusement. En effet, ce n’est pas par ses mains, mais par sa raison, que l’homme a appris les arts : les mains sont un instrument, comme la lyre pour le musicien, comme la tenaille pour le forgeron ; de même que la lyre n’a pas formé le musicien (voy. Arist. l. l.), ni la tenaille le forgeron, mais que chacun d’eux est artiste en raison de l’intelligence dont il est doué, et qu’il ne peut pas exercer son art sans instruments, de même toute âme est douée, en vertu de son essence, de certaines facultés ; mais il lui est impossible d’exécuter ce à quoi sa nature la destine si elle est privée d’instruments[1]. On voit évidemment, en observant les animaux nouveau-nés qui cherchent à agir avant que leurs parties soient entièrement formées, que les parties du corps n’excitent pas l’âme à être lâche, courageuse, ou sage. Ainsi j’ai

  1. Cette proposition sur la préexistence des instincts aux organes, et de la puissance déterminatrice de la nature, ou de l’âme sur la forme typique des animaux est une partie de la doctrine générale des causes finales ; je renvoie donc le lecteur à l’Introduction où j’examine cette doctrine sous le rapport historique et dogmatique, du moins en ce qui touche l’organisation de l’homme ; c’est aussi dans cette Introduction qu’on trouvera les autres passages de Galien qui sont relatifs à cette question. — Voy. encore dans l’Appendice, le chap. vi du traité De la formation du fœtus.