Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
DE LA MAIN.

l’homme. Qu’est-ce que cela fait ? puisque l’homme a dompté par sa sagesse et avec ses mains le cheval qui est plus rapide que le lion et dont il se sert pour fuir, ou pour poursuivre cet animal ; du haut du cheval sur lequel il est monté, l’homme frappe le lion qui est à ses pieds. Ainsi l’homme n’est ni nu, ni sans armes, ni facilement vulnérable[1], ni sans chaussures ; mais quand il le veut, une cuirasse de fer devient pour lui un moyen de protection plus invulnérable que toute espèce de peau ; il peut avoir aussi des chaussures, des armes et des vêtements de tout genre. Ce n’est pas seulement sa cuirasse, mais sa maison, ses murs, ses tours qui mettent l’homme à l’abri. S’il avait eu une corne, ou toute autre arme défensive, naturellement attachée à ses deux mains, il ne pourrait se servir de ses mains, ni pour bâtir des maisons et des tours, ni pour fabriquer une lance, ou une cuirasse, ou tout autre objet semblable. Avec les mains l’homme tisse un manteau, entrelace les mailles d’un rets, confectionne une nasse, un filet, un réseau ; par conséquent il est le maître, non-seulement des animaux qui vivent sur la terre, mais de ceux qui sont dans la mer, ou dans les airs[2]. Telle est l’arme que l’homme trouve dans ses mains pour

  1. Ceci n’est qu’une paraphrase de ce passage d’Aristote (Part. anim., IV, x, p. 290, l. 25, éd. Bussemaker, Collect. Didot) : « L’homme étant le plus sage des animaux pouvait se servir avec habileté de plusieurs instruments, car la main semble non un instrument, mais plusieurs instruments ; c’est, en effet, un instrument qui tient lieu d’instruments (La main est l’instrument des instruments, De anim., III, viii, 2). Donc, à l’être qui pouvait apprendre la plupart des arts, la nature a donné les mains comme un instrument extrêmement utile. Ceux qui soutiennent que l’homme n’a pas été bien constitué, mais qu’il a de tous les animaux la pire condition, attendu, prétendent-ils, qu’il naît sans chaussures, nu et dépourvu d’armes pour se défendre, ne disent pas vrai ; car les animaux n’ont qu’un moyen de protection, et ils ne peuvent pas le changer pour un autre. Ils sont forcés de dormir et de faire toutes choses en étant, pour ainsi dire, chaussés ; ils ne peuvent ni déposer ce qui couvre leur corps, ni changer les armes qu’ils ont une fois reçues. L’homme, au contraire, a plusieurs moyens de défense et il peut en changer comme il lui plaît ; il a les armes qu’il veut, et il les prend où il veut. La main devient ongle, sabot, corne, lance, épée et quelque autre arme ou instrument que ce soit ; en effet, elle est tout cela, puisqu’elle peut saisir toutes ces armes. » — Les anciens, et Aristote à leur tête, se sont plu à répéter que la raison tenait lieu pour l’homme de force physique et d’armes défensives ou offensives — Voy. C. Hoffmann, Comment., p. 7. Voy. aussi plus loin, chap. iv.
  2. Voy. dans ce volume, Exhortation à l’étude des arts, p. 9, note 2.