Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
V.


DE L’UTILITÉ[1] DES PARTIES DU CORPS HUMAIN.


LIVRE PREMIER.
de la main.


Chapitre ier. — De ce qu’on doit entendre par les mots un et partie.


On dit que tout animal est un, parce qu’il se présente avec une certaine circonscription propre et qu’il n’a aucun point de jonction avec les autres animaux ; de même on dit que chacune des parties de l’animal, par exemple l’œil, le nez, la langue, l’encéphale, est une, attendu qu’elle se présente aussi avec une circonscription propre. Si ces parties ne tenaient point par quelques côtés à ce qui les avoisine, et si au contraire elles étaient complétement isolées, alors elles ne seraient pas du tout parties, mais simplement unes ; de sorte que tout corps qui n’a pas une circonscription propre complète, mais qui n’est pas non plus uni de tous côtés à ceux qui l’environnent, est appelé partie. S’il en est ainsi, il y aura beaucoup de parties dans les animaux, celles-ci plus grandes, celles-là plus petites, et celles-là enfin tout à fait indivisibles en d’autres espèces.


Chapitre ii. — Que les parties des animaux diffèrent selon leurs mœurs et leurs facultés.


L’utilité de toutes ces parties est sous la dépendance de l’âme,

  1. Περὶ χρείας μωρίων. Ordinairement on traduit De l’usage des parties ; mais pour peu qu’on lise ce traité avec quelque attention, on reconnaîtra bien vite que Galien s’attache moins à faire connaître les fonctions des parties qu’à montrer les rapports de leur organisation avec les fonctions qu’elles ont à remplir. En un mot il s’agit moins d’un ouvrage de physiologie que d’un traité d’anatomie composé d’après la doctrine des causes finales. En rejetant ce mot trop précis d’usage (emploi d’une chose) et en choisissant le mot plus vague utilité, qui peut signifier à la fois ce à quoi sert une chose, et comment elle est utile étant de telle ou telle façon, j’ai cru mieux rendre la pensée de l’auteur. Du reste dans mes Études sur Galien je reviens sur l’idée générale qui a présidé à la rédaction du traité De l’utilité des parties. — Voy. aussi, p. 522, note 1.