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DES HABITUDES.

donner la nourriture et les mouvements qui sont propres à chacun d’eux. »

Par ces paroles, Platon nous enseigne sur les trois âmes quelque chose qui est utile, non-seulement pour la philosophie, mais encore pour la santé du corps, suivant en cela Hippocrate, qui avait dit, d’une manière générale : « Le mouvement fortifie, le repos amollit ; » (De offic. med., § 20, t. III, p. 324) et d’une façon spéciale, à propos des exercices : « Le travail doit précéder la nourriture. » (Epid., VI, ive section, § 23, t. V, p. 314.) Pour chaque espèce en particulier, il faut prêter l’esprit au passage suivant du même auteur : « Travail, nourriture, boissons, plaisirs de l’amour, que tout soit dans une juste mesure. » (Epid., VI, vie section, § 2, t. V, p. 324.) Ici donc il faut faire grande attention à ce que dit Hippocrate, car si on lit ses paroles avec négligence, ainsi que le font certaines personnes, il peut arriver dans ce cas comme pour tout autre discours, qu’on comprenne mal la pensée de l’auteur ; nous nous proposons, en effet, de nous livrer à chaque exercice sans les pousser au delà des limites et de la mesure convenables, jusqu’à détruire la force ; de la même manière nous devons user dans une juste mesure, et sans excès ou sans insuffisance, des aliments, des boissons, du sommeil et des plaisirs de l’amour : les excès brisent les forces, et l’insuffisance détruit pour chaque chose l’avantage qu’on en doit retirer dans une proportion égale au degré d’insuffisance. Ce précepte nous est donné pour un seul cas et comme un exemple général par Hippocrate, là où il dit [dans les Aphorismes, II, 48] : « Dans les exercices, lorsqu’on commence à se fatiguer, se reposer immédiatement dissipe la lassitude. » Ces paroles, par suite de l’affinité des objets, nous apprennent quelque chose sur les coutumes de l’âme pour ce qui concerne la mémoire, le raisonnement et les recherches logiques, toutes choses dont Érasistrate nous a entretenus dans son traité Des habitudes[1], mais sans ajouter quelle en était la cause, bien qu’elle ait été énoncée non-seule-

  1. M. Rosenbaum, dans sa liste des écrits d’Érasistrate (voy. note 2 de la page 93), ne paraît pas s’être servi de l’opuscule qui nous occupe, car il ne mentionne ni ce traité Des habitudes, ni ces traités généraux sur la médecine dont il est question au chap. ier. (Voy. note 1 de la page 100).