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DES HABITUDES.

laquelle nous nous souvenons ; c’est la première qui nous rend plus intelligents, et la seconde qui nous donne une meilleure mémoire, toutes les facultés pouvant être augmentées et fortifiées par l’exercice et pouvant dégénérer par l’inactivité ainsi que Platon, dans le passage suivant du Timée, l’enseigne en ces termes (p. 89-90) :

« Nous avons déjà répété souvent que trois espèces d’âmes habitent en nous et que chacune d’elles a ses mouvements propres ; maintenant nous devons dire en peu de mots que celle qui reste en repos et qui ne se livre pas aux mouvements qui lui sont propres, devient nécessairement la plus faible, tandis que celle qui s’exerce devient la plus forte ; aussi faut-il veiller à ce qu’elles aient des mouvements bien proportionnés les uns par rapport aux autres. »

Après cela Platon ajoute : « En conséquence, pour l’espèce d’âme la plus noble qui soit en nous, il faut considérer que Dieu l’a donnée à chacun de nous comme un génie propre ; c’est elle dont nous disons, et avec juste raison, qu’elle habite au sommet du corps, qu’elle est destinée à nous élever, en vertu de sa parenté céleste, de la terre vers le ciel, comme si nous étions des plantes non de la terre mais du ciel. En effet, la divinité suspendant, vers la région d’où l’âme tire sa première origine, la tête qui est notre racine, a tenu droit le corps entier. Donc pour l’homme qui est livré à l’amour des querelles et aux passions turbulentes, et qui est violemment placé sous leur empire, toutes les conceptions deviendront nécessairement mortelles et, nécessairement aussi, autant que cela peut exister chez un être mortel, il atteindra la plus grande perfection dans ce genre, attendu qu’il a cultivé [exclusivement] cette partie de lui-même. Au contraire, l’homme qui concentre tous ses efforts vers l’amour de l’étude et de la vérité et qui exerce surtout les facultés qui y ont rapport, doit nécessairement, s’il parvient à trouver la vérité, avoir des pensées immortelles et divines ; autant qu’il est possible à la nature humaine de participer à l’immortalité, il atteindra aussi la perfection dans ce genre ; enfin, attendu qu’il donne ses soins à la partie divine et qu’il possède dans la meilleure disposition le génie qui habite en lui, il doit être éminemment heureux. Aussi, le soin qu’il faut prendre de tout corps consiste uniquement à