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DES HABITUDES.

des autres suivant la qualité du sang qui nourrit. Une preuve évidente que la substance qui nourrit communique à ce qui est nourri une substance semblable à elle, nous est fournie par le changement qu’éprouvent les plantes et les graines, changement qui est souvent si prononcé qu’une plante très-nuisible si elle pousse dans une certaine terre, perd non-seulement ses qualités délétères si elle est transplantée dans une autre terre, mais en acquiert d’utiles. Ceux qui ont composé des traités sur l’agriculture ou sur les plantes en ont fait souvent l’expérience ; il en est de même de ceux qui ont écrit sur l’histoire des animaux, car ils ont constaté les changements qui sont produits chez les animaux par les diverses régions. Puisque non-seulement ce qui nourrit est altéré par ce qui est nourri, mais aussi que ce qui est nourri subit lui-même une petite transformation, cette petite transformation acquiert nécessairement avec le temps des proportions considérables, de façon que le résultat d’une longue habitude devient égal à une conformité naturelle. Je crois donc avoir trouvé pour les aliments et pour les boissons la cause de la puissance des habitudes.


Chapitre iv. — La puissance de l’habitude pour les circumfusa dépend de la même cause que pour les aliments. — Exemples tirés de la chaleur et du froid ; par suite de l’action prolongée de ces agents, le corps finit par prendre une nature conforme à la leur.


Voyons maintenant ce qui regarde les influences extérieures. — [Chap. IV.] Il paraît que l’action des circumfusa rentre, eu égard au genre, sous la dépendance de la même cause que l’action des substances que nous ingérons et dont nous venons de parler. Les circumfusa produisent donc une certaine altération dans le corps, surtout pour les parties superficielles, mais aussi pour les parties profondes ; car par l’action du froid la peau d’abord, puis les parties qui lui sont contiguës, sont refoulées, resserrées, contractées et condensées, et si cette action se prolonge sur le corps, la même altération se propage aux parties profondes ; mais encore dès le principe, au moment où l’influence commence à agir, il survient, secondairement, et non primitivement[1], sous l’influence de la cause agissante, un chan-

  1. Κατ᾽ ἀρχὰς δ᾽εὐθέως κατὰ συμβεβηκὸς, οὐ πρώτως, cod. Et secundum principia,