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DES HABITUDES.

par jour, mais ils y sont habitués. D’un autre côté, si les individus qui ont l’habitude de faire deux repas par jour suppriment celui du milieu du jour, ils se sentent faibles, languissants, ils sont inhabiles à toute espèce de travail et sont pris de cardialgie ; il leur semble que leurs entrailles pendent ; leurs urines sont chaudes et jaunâtres, leurs déjections sont brûlantes ; chez quelques-uns, la bouche est amère, les yeux sont enfoncés dans les orbites, les tempes battent et les extrémités se refroidissent. La plupart de ceux qui ont omis le repas du milieu du jour sont hors d’état de prendre celui du soir ; s’ils mangent, ils sentent un poids dans les entrailles et ils dorment beaucoup plus péniblement que s’ils avaient pris leur repas du milieu du jour. — Puisque les gens en santé éprouvent de si grands effets d’un changement d’habitude dans le régime pour une demi-journée seulement, il est clair qu’il n’est pas avantageux [dans les maladies] d’augmenter ou de diminuer [inconsidérément] l’alimentation. — Si donc le même individu qui n’avait fait, contre son habitude, qu’un seul repas, mange le soir autant que les autres jours, après avoir laissé pendant toute une journée ses vaisseaux vides, cet individu qui avait été pris de souffrance, d’indisposition, et, après le dîner, de pesanteur pour avoir omis son déjeuner, sera naturellement beaucoup plus lourd [que dans le premier cas] ; enfin si son abstinence a duré encore plus longtemps et qu’il commence tout d’abord par faire un bon dîner, il sera encore plus pesant [que dans les deux cas précédents][1]. » § 9.

Hippocrate, après avoir, comme plus haut, indiqué quelques moyens propres à remédier aux inconvénients causés par la vacuité inaccoutumée des vaisseaux, reprend son sujet en ces termes :

« On pourrait, relativement aux organes digestifs, ajouter encore bien des choses analogues ; par exemple, on supporte très-facilement les aliments solides auxquels on est habitué, lors même qu’ils ne sont pas bons par nature ; il en est de même pour les

  1. Dans la première édition de ma traduction des Œuvres choisies d’Hippocrate, j’avais adopté pour ce passage les corrections extrêmement ingénieuses de M. Littré ; mais en examinant de nouveau le texte, j’ai pensé que ces corrections n’étaient point nécessaires. Dans la seconde édition de ces Œuvres choisies, je discute l’interprétation de M. Littré, le Commentaire de Galien, et j’indique les raisons qui m’ont déterminé à m’en tenir au texte vulgaire.