Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
DES HABITUDES.

losophe n’aurait pas pu supporter le froid, et à cause de son défaut d’habitude, et à cause de sa constitution physique, bien que sa maladie indiquât ce moyen de traitement ; ainsi j’ai donné avec une confiance parfaite des boissons froides lors même que le malade avait un causus franc, s’il n’existait aucune inflammation viscérale manifeste ; d’autres fois j’ai prescrit ces boissons avec moins de confiance, et après avoir prévenu les familiers de la maison que si tel malade ne buvait pas d’eau froide, il mourrait certainement, et que s’il en prenait il y avait de grandes espérances de le sauver. Tous, grâce aux dieux, ont été sauvés. Puisque ce médicament a été jugé bon par une expérience prolongée, il faut rechercher la cause de ce succès, en rappelant d’abord ce qu’ont dit Hippocrate dans son traité Du régime dans les maladies aiguës, et Érasistrate dans le IIe livre du traité De la paralysie. Hippocrate s’exprime donc ainsi :

« Il est facile de constater qu’un régime mauvais pour le boire et pour le manger, mais toujours le même, est ordinairement plus salutaire à la santé que s’il était tout à coup et [notablement] changé en un meilleur, puisque, soit chez les personnes qui font deux repas par jour, soit chez celles qui n’en font qu’un, les changements subits sont nuisibles et occasionnent des maladies. Ainsi, ceux qui n’ont pas l’habitude de faire un repas au milieu du jour, s’ils en font un, s’en trouvent bientôt incommodés ; tout leur corps s’appesantit, ils se sentent faibles et paresseux. Si malgré cela ils font leur repas du soir, ils ont des éructations aigres, quelques-uns même sont pris d’une diarrhée liquide, attendu que l’estomac, accoutumé à avoir sa surface nettoyée par intervalles, à n’être pas rempli deux fois et à n’avoir pas à cuire (digérer) des aliments deux fois par jour, reçoit une surcharge à laquelle il n’était pas habitué. » § 9.

Après avoir indiqué ensuite le moyen de traitement des souffrances qui résultent de ces changements, Hippocrate, revenant sur son sujet, et s’occupant des individus qui s’écartent de leurs habitudes, écrit :

« L’individu dont nous parlons serait encore bien plus incommodé si trois fois par jour il mangeait jusqu’à satiété ; il le serait bien plus encore s’il mangeait plus souvent. On voit, il est vrai, beaucoup de gens qui supportent très-bien trois repas copieux