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DES HABITUDES.

qu’il savait de source certaine devoir être attaqué d’épilepsie[1] s’il buvait froid ; il ajoutait qu’il avait vu le même phénomène se produire chez une autre personne semblable à lui par sa complexion et par son tempérament, et qui était habituée aux boissons chaudes : s’il avait eu, comme quelques personnes, l’habitude des boissons froides, il n’eût pas craint autant leur administration. Si cela lui fût arrivé…, tous les médecins qui étaient présents l’ayant abandonné[2]. Cet homme mourut donc, ainsi que je l’ai appris. Ceux qui assistaient à ses derniers moments m’ayant fait cette question : Puisque vous avez osé dans d’autres cas, tantôt durant toute la maladie, tantôt à certaines époques seulement, donner de l’eau froide quand les autres médecins s’y refusaient, l’auriez-vous osé aussi pour cet homme, ou bien avait-il pensé juste sur sa propre nature ? Je répondis qu’il avait pensé très-exactement, attendu qu’il était tout à fait maigre, et que, originairement, il avait l’orifice de l’estomac très-froid, de telle sorte qu’il était pris de hoquet au moindre refroidissement. Ainsi, de même que ce phi-

  1. Ἐπιλαθήσοιτο, cod. Flor. barbare. Dietz conjecture ἐπιλήσοιτο (se sui obliturum, id est mortem obiturum esse) ; mais c’est là une interprétation extrêmement détournée ; il propose encore σπασθήσοιτο, attendu que les traducteurs latins ont : se spasmo correptum iri ; il vaut mieux accepter ἐπιληθήσοιτο, conformément à un passage de Galien, De simpl. med. tempor., VI, 3, 10, § xi, p. 859, où le mot ἐπιληφθέν a le sens de : étant pris d’épilepsie. C’est je crois même un sens à ajouter à ceux que donne le Trésor grec à ἐπιλαμβάνω ou ἐπιλαμβάνομαι.
  2. Εἰ δὲ καὶ τοῦτ᾽ ἔπαθεν ἐάσαντες ἂν οἱ παρόντες ἰατροὶ πάντως αὐτόν, cod. Flor. — Ce passage me paraît, comme à Dietz, fort altéré. Je crois même qu’il y a une lacune. — Nicolaus Calaber et Aug. Gadaldinus traduisent : « Tandem tamen medicis eum omnino compellentibus frigidam potavit, » mais cette interprétation est évidemment fausse, puisque Galien dit plus bas que cet homme, vu sa constitution, avait bien fait de ne pas boire de l’eau froide. Dietz, qui lit ἐάσειαν ἂν au lieu de ἐάσαντες ἂν, propose une interprétation inacceptable, tant elle est torturée : Sin etiam illud pateretur (id est, aquam frigidam biberet), omnes medicos ipsum omnino relicturos esse (scilicet mortuum) dicebat. » En l’absence de mss. il vaut mieux s’abstenir que de proposer des corrections arbitraires. — S’il me fallait trouver un sens à ce membre de phrase, je rattacherais εἰ (en supprimant δὲ)… ἔπαθεν à la phrase précédente et j’interpréterais : S’il avait eu l’habitude des boissons froides, il ne les aurait pas redoutées autant, lors même qu’elles auraient produit chez lui des attaques d’épilepsie. — Quant au second membre de phrase, le sens en paraît certain, quoique le texte ne soit pas régulier. Peut-être pourrait-on lire ἐάσαν γοῦν πάντες αὐτόν… (tous les médecins l’abandonnèrent donc).