Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
DES HABITUDES.

autres analogues. Ceux en effet qui ont paru reconnaître une cause probable de l’influence des habitudes l’ont trouvée pour une seule des matières de l’habitude[1] ; les uns seulement pour les aliments, les autres pour les exercices et les occupations habituelles, aucun pour toutes les matières de l’habitude. Ainsi, pour ce qui regarde l’administration de l’eau froide que nous employons souvent dans les maladies aiguës, certains médecins s’opposent à l’emploi de ce moyen, nous l’interdisent chez les fébricitants, et nous prescrivent de nous contenter des indications tirées des autres circonstances, par exemple, des lieux affectés et de la diathèse dans laquelle ils se trouvent, des âges, des localités, des saisons, et encore du tempérament et de la force du malade lui-même, circonstances que nous avons coutume de prendre aussi en considération ; ils disent que c’est chose ridicule, dans une inflammation du foie, du poumon, de l’estomac ou de toute autre partie aussi importante, de permettre à un malade habitué à boire froid de prendre une boisson froide, par ce seul motif qu’il y est accoutumé. C’est, ajoutent-ils, exactement la même chose que si on permettait à un individu en proie à la fièvre de prendre un bain froid parce qu’il était avant dans l’habitude de le faire ; comme si nous permettions dans toute espèce de maladie, à tout malade de faire ce à quoi il était accoutumé ! Mais eux n’ajoutent pas à tous les autres moyens d’indication celui qui est tiré des habitudes. Aristote de Mytilène, qui tenait un rang élevé dans la secte des péripatéticiens[2], fut atteint d’une maladie qui pouvait être guérie par l’emploi des boissons froides ; comme il n’en avait jamais pris, il se refusait d’obéir aux médecins qui lui conseillaient ce moyen, affirmant

    Galien ne l’a pas cité, c’est peut-être qu’il n’a pas cru à l’authenticité de ce traité : « Le fromage ne nuit pas à tout le monde ; il est des gens qui peuvent s’en rassasier sans le moindre inconvénient, et même il fortifie merveilleusement ceux à qui il convient ; il en est au contraire qui ne le digèrent que difficilement. Les constitutions des uns et des autres diffèrent donc, et elles diffèrent en ceci : à savoir que l’humeur qui, dans le corps, ne compatit pas avec le fromage, est éveillée et mise en mouvement par cette substance. » (Trad. de M. Littré.)

  1. Voy. le commencement du chap. iie du présent traité.
  2. C’est le seul renseignement qu’on possède sur ce philosophe péripatéticien. Voy. Fabricius, Bibl. græca, ed. Harless, t. III, p. 471.