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IV.


DES HABITUDES[1].


Chapitre premier. — La considération des habitudes est une source précieuse d’indications thérapeutiques, quoi qu’en disent certains médecins. — La puissance des habitudes est reconnue par tous les médecins anciens, et, en particulier, par Hippocrate et par Érasistrate ; extraits de leurs ouvrages qui le prouvent. — Non-seulement les médecins, mais tous les hommes sensés, admettent cette puissance, que prouvent les faits journaliers plus encore que le raisonnement.


Certains individus, qui prennent à tâche de gâter toutes les belles choses, ont entrepris de déprécier une des indications thérapeutiques, celle qu’on tire des habitudes, et dont la réalité est reconnue non-seulement par les meilleurs médecins, mais par tout le monde ; ces individus nous demandent, par exemple, pourquoi une personne, incommodée d’abord pour avoir mangé une première fois de la chair de bœuf, et qui est ensuite forcée d’en manger tous les jours pendant toute l’année, n’en éprouve plus de dommage, ou en éprouve moins que ceux qui ne sont pas habitués à une pareille nourriture. Puis, croyant réfuter par leurs discours tout ce que nous pourrions leur répondre, ils se persuadent avoir, en même temps, détruit l’existence du fait, comme ferait un homme qui, après avoir opposé une objection à toutes les théories sur la vision, nous contesterait la faculté de voir. Il apparaît donc avec évidence que la considération des habitudes est d’un très-grand secours pour la découverte des moyens de traitement ; aussi Hippocrate a-t -il écrit dans ses Aphorismes (II, 49) : « Les individus habitués à supporter des travaux qui leur sont familiers, les supportent plus aisément, quoique débiles ou vieux, que les gens [forts et jeunes] qui n’y sont pas habitués. » Dans le traité Sur le régime des maladies aiguës, il a exposé au long les inconvénients d’un régime inaccoutumé et les avantages

  1. J’ai suivi pour la numération des chapitres, les traductions latines, les seules citées avant la récente publication du texte, mais j’ai indiqué entre crochets les divisions opérées par Dietz.