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DES MŒURS DE L'ÂME.

tent précisément les plus grands éloges[1], car ces gens-là pensent qu’il vaut mieux trahir la patrie que les dogmes de la secte. Posidonius, au contraire, pense qu’il vaut mieux trahir la secte que la vérité. Dans son traité Des affections et dans celui Sur la différence des vertus, professant une opinion complétement opposée à celle de Chrysippe[2], Posidonius a réfuté beaucoup des opinions que ce philosophe a soutenues dans les Questions logiques sur les affections de l’âme, et plus encore de celles qu’il a émises dans son traité Sur la différence des vertus. Il ne semble pas à Posidonius que le mal arrive[3] du dehors à l’homme, et qu’il n’a dans l’âme aucune racine[4] d’où nous le voyons germer et grandir ; il croit tout le contraire, car, pour lui, le germe du mal est en nous-mêmes. Aussi, ne devons-nous pas autant fuir les méchants que rechercher les hommes qui peuvent nous rendre vertueux et arrêter en nous le développement du mal, car tout le mal ne vient pas du dehors[5] dans notre âme, comme le prétendent les stoïciens, mais les hommes pervers doivent à eux-mêmes la plus grande somme de vice ; c’est la plus petite partie qui vient du dehors. C’est donc de cette manière que les mauvaises habitudes naissent dans la partie irraisonnable de l’âme, et les opinions fausses dans la partie raisonnable ; de même lorsque nous sommes élevés par des hommes bons et honnêtes, nos opinions sont vraies et nos habitudes bonnes. Mais dans la partie logique de l’âme, le degré plus ou moins prononcé de sagacité ou de sot-

    complet du traité de Posidonius, Sur la différence des vertus (voy. p. 247, p. 19). — Dans la dissertation Sur la philosophie de Galien on trouvera un extrait de la discussion de Posidonius et du médecin de Pergame contre Chrysippe. — Voy. aussi Philosophiæ Chrysip. fundam. restituit, Chr. Petersen ; Hamb. 1827.

  1. Ἐν οἷς ἐπαίνων ἐστὶ μεγίστων ἄξιος ἐν τούτοις αὐτοῖς μὲν ὑπὸ τῶν ἀλλων οὐχ ἕπεται τῶν Στοικῶν. La pensée de Galien n’est pas douteuse ; mais pour la faire ressortir du texte, j’ai changé ἕπεται en ἐπανεῖται.
  2. Πολλὰ μὲν οὖν εἶπε Χρύσιππος… μεμφάμενος, cod. Flor. et vulg., je lis ὧν pour οὖν.
  3. Ἐπεισιέναι, cod. Flor. ; προσιέναι, vulg.
  4. Κακίαν… οὐδεμίαν ἔχουσιν ἰδίαν ῥίζαν, vulg. ; mais il faut lire κακίαν… οὐδεμίαν ἔχουσαν, avec le cod. Flor.
  5. Ἔξωθεν ἐπεὶ ἄρχεται, Chartier ; lisez avec le ms. de Florence ἔξωθεν ἐπεισέρχεται. De même un peu plus bas, il faut changer ἐπιαρχόμενον en ἐπεισερχόμενον, et, avant, ἐλάττω en ἔλαττον.