Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
DES MŒURS DE L'ÂME.

plus anciens philosophes[1] qui ont, suivant moi, mis cette règle en pratique, et qui ont acquis auprès des hommes le titre de Sages, non pour avoir écrit des livres et pour avoir enseigné un système de dialectique ou de physique, mais pour leurs seules vertus qui consistaient plutôt en actions qu’en discours. Voyant des enfants qui, malgré l’excellente éducation qu’ils ont reçue, et bien qu’ils n’aient eu sous les yeux aucun mauvais exemple, sont néanmoins mauvais dès leurs premières années, ces philosophes ont dit, les uns que tous les hommes, les autres qu’à peu près[2] tous les hommes sont mauvais par nature, les autres que tous les hommes ne sont pas mauvais ; on voit quelquefois, en effet, un enfant exempt de tout défaut, mais c’est un cas très-rare. Aussi les premiers, ne rencontrant jamais un enfant qui fût irréprochable, ont déclaré que tous les hommes étaient mauvais par nature ; les seconds, rencontrant par hasard un ou deux enfants sans défauts, ont dit que non pas tous les hommes, mais que la plupart sont mauvais. En effet, si un homme qui n’est ni pervers, ni ami des disputes veut, à l’exemple des anciens philosophes, chercher à voir les choses avec un esprit libre, il ne trouvera qu’un très-petit nombre d’enfants bien nés pour la vertu ; il cessera aussi de penser que nous naissons tous bien doués pour la vertu, mais que nous sommes pervertis par les parents, par les maîtres et par les pédagogues chargés de nous corriger[3], car les enfants ne fréquentent guère d’autres personnes.

Ils sont aussi tout à fait ineptes ceux qui disent que nous sommes

  1. Πάλαι θειόστατοι, expression très-bizarre, vulg. ; παλαιότατοι, ms. de Flor.
  2. J’ai suivi le texte de Flor., qui a ὡσεί au lieu de οὐδέ du texte vulg.
  3. Le texte de tout ce membre est très-altéré dans les éditions de Chartier et de Kuehn, qui reproduisent le texte de Morel ; le ms. de Florence fournit des leçons plus satisfaisantes ; la vieille traduction latine, imprimée à Lyon en 1528, sous la direction de Champier, et les dernières éditions des Juntes, ont été faites sur un texte qui diffère peu de ceux que j’ai eus sous les yeux. — Καὶ παύσεται μὲν ὅμως (lis. ὁμοίως), ἡγούμενος καὶ πεφυκέναι, διαστρέφεσθαι δὲ αὐτὰ τῶν ἐξ ἐπιστημόνων γονέων τε καὶ παιδαγωγῶν, καὶ διδασκάλων, Chartier et Kuehn. — Καὶ παύσεται πάντας μὲν ἡμᾶς ἡγούμενος πεφυκέναι (sous-entendu πρὸς ἀρετήν) διαστρέφεσθαι δὲ ὑπὸ (glose de ἐξ à supprimer) ἐξ ἐπιτιμώντων γονέων κ. τ. λ., cod. Flor. — Nos omnes sponte naturæ ad virtutem ferri (sans doute le traducteur a lu εὖ πεφυκέναι) arbitrari desinet ; sed a parentibus, magistris, ac pædagogis, ad cam minis, et increpationibus converti reperiet. Traduction des Juntes. L’autre ne dif-