Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
DES MŒURS DE L'ÂME.

pas dire[1] que, dans ce passage, il prenne nourriture dans le second sens, car c’est en donnant des préceptes, non aux enfants, mais aux adultes, qu’il ordonne de s’efforcer, autant qu’on le peut, de fuir le mal, et au contraire d’acquérir la vertu, en s’aidant de la nourriture, des institutions et des sciences. Il entend par institutions la gymnastique et la musique ; par sciences, la géométrie et l’arithmétique ; et par nourriture, on ne saurait comprendre autre chose que les aliments solides, les potages, les boissons, dont le vin fait partie et sur lequel il a souvent parlé dans le deuxième livre Des lois. — Celui qui voudra apprendre sans moi l’action des aliments en général, doit recourir à mon traité en trois livres sur cette matière[2], en y ajoutant un quatrième Sur les bonnes et les mauvaises humeurs[3], dont la lecture est surtout nécessaire pour le sujet actuel. — Le mauvais état des humeurs nuit donc beaucoup aux puissances de l’âme, et le bon état de ces humeurs les conserve intactes.


Chapitre xi. Que les bonnes et les mauvaises actions dépendent du tempérament du corps ; néanmoins nous avons la faculté innée de fuir le mal et de rechercher le bien. — Les hommes ne naissent ni tous bons ni tous mauvais. — Le mal ne vient ni des parents ni des maîtres, puisque les premiers hommes n’avaient ni parents ni maîtres. Exemple tiré de la diversité de nature des enfants nés de mêmes parents et élevés par les mêmes maîtres. — Réfutation de la doctrine des stoïciens sur l’origine du mal.


Notre discours ne supprime donc pas les biens que procure la philosophie, mais il explique et enseigne aux philosophes certaines choses qu’ils ignorent. En effet, ceux qui pensent que tous les hommes sont capables de vertu, et ceux qui croient qu’aucun homme ne saurait être juste par choix (ce qui équivaut à dire qu’il n’existe aucune limite naturelle), n’ont vu les uns et les autres que la moitié de la nature de l’homme. Les hommes ne naissent ni tous ennemis ni tous amis de la justice, les bons et les mauvais étant tels qu’ils sont à cause du tempérament du corps. Pourquoi

  1. Οὐκ οἷον τε οὖν φάναι, vulg. Le manuscrit de Flor. supprime οὖν, et je crois avec raison.
  2. C’est le traité Des facultés des aliments (Περὶ τροφῶν δυνάμεως).
  3. Περὶ εὐχυμίας καὶ κακοχυμίας τροφῶν. — Dans la dissertation Sur la physiologie de Galien on trouvera quelques extraits de cet ouvrage.