pas dire[1] que, dans ce passage, il prenne nourriture dans le second sens, car c’est en donnant des préceptes, non aux enfants, mais aux adultes, qu’il ordonne de s’efforcer, autant qu’on le peut, de fuir le mal, et au contraire d’acquérir la vertu, en s’aidant de la nourriture, des institutions et des sciences. Il entend par institutions la gymnastique et la musique ; par sciences, la géométrie et l’arithmétique ; et par nourriture, on ne saurait comprendre autre chose que les aliments solides, les potages, les boissons, dont le vin fait partie et sur lequel il a souvent parlé dans le deuxième livre Des lois. — Celui qui voudra apprendre sans moi l’action des aliments en général, doit recourir à mon traité en trois livres sur cette matière[2], en y ajoutant un quatrième Sur les bonnes et les mauvaises humeurs[3], dont la lecture est surtout nécessaire pour le sujet actuel. — Le mauvais état des humeurs nuit donc beaucoup aux puissances de l’âme, et le bon état de ces humeurs les conserve intactes.
Notre discours ne supprime donc pas les biens que procure la philosophie, mais il explique et enseigne aux philosophes certaines choses qu’ils ignorent. En effet, ceux qui pensent que tous les hommes sont capables de vertu, et ceux qui croient qu’aucun homme ne saurait être juste par choix (ce qui équivaut à dire qu’il n’existe aucune limite naturelle), n’ont vu les uns et les autres que la moitié de la nature de l’homme. Les hommes ne naissent ni tous ennemis ni tous amis de la justice, les bons et les mauvais étant tels qu’ils sont à cause du tempérament du corps. Pourquoi