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DES MŒURS DE L'ÂME.

adolescents est[1] délirante, et que celle des hommes faits est austère, chagrine et dure, non certes à cause du nombre des années, mais à cause du tempérament du corps[2], propre à chaque âge. En effet, la constitution des adolescents est chaude et sanguine, et celle des vieillards est peu sanguine et froide ; voilà pourquoi l’usage du vin est avantageux aux vieillards, en ramenant à une chaleur modérée le tempérament froid qu’ils doivent à leur âge, et qu’il est nuisible à ceux qui sont dans l’âge de croissance, car il échauffe avec excès et entraîne à des mouvements démesurés et furieux leur nature bouillonnante et violemment agitée. — Outre ce que je viens de rapporter, Platon donne encore beaucoup d’autres enseignements sur l’usage du vin, dans le second livre Des lois. Elles seront utiles à ceux qui veulent les lire ; je rapporterai seulement le dernier des passages qui sont relatifs au vin, et qui vient à propos des Carthaginois. Voici ce passage : « J’approuve encore plus la loi carthaginoise que la coutume des Crétois ou des Lacédémoniens. Elle prescrit que personne à la guerre ne prenne jamais de vin, mais que pendant tout ce temps on ne boive que de l’eau, et qu’à la ville ni les esclaves, hommes ou femmes, ni les archontes, pendant l’année où ils sont au pouvoir, ni les pilotes, ni les juges en exercice ni celui qui doit délibérer sur une affaire importante, ne boivent jamais de vin, qu’on n’en boive pas pendant le jour, si ce n’est en vue des exercices corporels, ou pour cause de maladie, que ni l’homme ni la femme n’en boivent pendant la nuit s’ils veulent procréer des enfants (p. 674, a)[3]. » — On pourrait énumérer beaucoup d’autres circonstances dans lesquelles ceux qui ont un esprit droit et une bonne loi, s’abstiennent de vin. Ce que dit

  1. Εἴναι, vulg. ; οὔν, Flor., qui omet φύσιν. Ces leçons sont inadmissibles.
  2. Ἀλλὰ διὰ τὴν τοῡ σώματος ἔχουσαν κρᾶσιν ; vulg. et manuscrit de Flor. J’ai supprimé dans ma traduction le mot ἔχουσαν dont je ne me rends pas compte, et qui est probablement altéré ou fautivement introduit dans le texte.
  3. Le passage suivant du même livre Des lois, beaucoup plus favorable à l’usage du vin, semble même un peu en contradiction avec celui que cite Galien, à moins que dans l’un il ne parle de l’abus et dans l’autre d’un usage modéré : « D’après les préjugés du vulgaire, le vin a été donné aux hommes par un effet de la vengeance de Bacchus, pour troubler leur raison ; mais le présent discours nous montre au contraire que les hommes l’ont reçu comme un remède souverain dont la vertu est d’inspirer à l’âme la pudeur et d’entretenir la santé et les forces du corps. » P. 672, e.