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DES MŒURS DE L'ÂME.

non-seulement celles de la partie irascible ou concupiscible, mais aussi toutes celles de la partie logique, suivent le tempérament du corps, serait le témoin le plus digne de foi, si on avait envie, comme c’est la coutume de quelques personnes, de faire reposer la vérité d’une opinion sur l’autorité des témoins. Quant à moi, je ne crois pas à Hippocrate, ainsi qu’on le fait habituellement, comme à un témoin, mais parce que je vois que ses démonstrations sont solides ; c’est donc pour cela que je le loue ! Qui ne voit, en effet, que le corps et l’âme de tous les hommes qui vivent sous les Ourses (au nord) sont complétement différents de l’âme et du corps des hommes qui habitent près de la zone torride ? Et qui ne voit aussi que les habitants des contrées moyennes, c’est-à-dire celles de la zone tempérée, sont plus favorisés pour le corps, pour les mœurs de l’âme, pour la compréhension et pour la sagesse, que les habitants des deux régions extrêmes ? Puisqu’il a plu à quelques philosophes qui s’appellent eux-mêmes platoniciens, de prétendre que l’âme est gênée par le corps dans les maladies, mais qu’elle remplit les fonctions qui lui sont propres, quand il est sain, n’étant alors ni aidée, ni lésée par lui, je transcrirai quelques passages de Platon, dans lesquels il démontre que certains individus trouvent, pour les manifestations de leur intelligence, dans le tempérament des localités, un aide ou un obstacle, sans que le corps soit malade.

Platon a écrit au commencement du Timée : « La Déesse[1] vous ayant organisé les premiers, a réglé ce gouvernement et établi cet ordre ; elle a choisi le lieu où vous êtes nés, en voyant que par le bon tempérament des saisons, les hommes y seraient plus sages (p. 24 c). » Puis il ajoute : « La déesse, amie de la guerre et de la sagesse, a choisi pour son premier établissement le lieu qui devait rendre les hommes le plus semblables à elle. » — On voit par ce passage que Platon attribue une grande influence aux localités, c’est-à-dire aux endroits habitables de la terre, sur les mœurs de l’âme, sur l’intelligence et sur la sagesse. On le voit encore par le passage suivant du cinquième livre Des lois. « Sachez que les lo-

  1. Platon met ces paroles dans la bouche d’un prêtre égyptien qui explique à Solon comment a été formée la première république d’Athènes avant le dernier déluge (voy. p. 220 et suiv.). La déesse est Minerve.