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DES MŒURS DE L'ÂME.

bats (ibid.). » Dans ce passage, l’auteur établit clairement que non-seulement les mœurs, mais aussi que l’habileté ou le défaut d’aptitude dans la pratique des arts, que l’intelligence obscurcie et grossière sont une conséquence du tempérament du pays. Je n’aurai donc pas besoin de rapporter ici tous les signes physionomiques énumérés par Hippocrate dans le IIe et le VIe livre des Épidémies ; mais il me suffira, pour donner un exemple, de citer le texte suivant (Epid. II, 5, 16, t. V, p. 130) : « Les individus chez lesquels le vaisseau bat au pli du coude sont maniaques et irascibles ; ceux chez qui il est en repos sont hébétés ; » ce qui revient à dire : Les individus chez lesquels l’artère du pli du coude a un mouvement violent sont maniaques : car les anciens appelaient aussi les artères veines ; cela a été souvent démontré. Toutefois ils n’appelaient pas pouls (σφυγμός) toute espèce de mouvements des artères, mais seulement les mouvements sensibles et qui paraissent violents à l’individu lui-même. Hippocrate a le premier appelé pouls tout mouvement artériel, quel qu’il fût, coutume qui a prévalu après lui ; mais ici, se conformant encore à l’ancienne habitude, c’est d’après un mouvement violent de l’artère qu’il a conclu qu’un individu était maniaque et irascible[1]. C’est en effet à cause de la surabondance de chaleur dans le cœur que les artères battent ainsi, car l’excès de la chaleur rend maniaque et irascible ; le tempérament froid, au contraire, rend paresseux, lourd, et ralentit tous les mouvements.


Chapitre vii. Que les régions moyennes sont plus favorables au corps et à l’âme que les régions extrêmes. — Réfutation de certains philosophes qui usurpent le titre de platoniciens, par des passages où Platon lui-même établit que les localités, et que le corps, lors même qu’il est sain, ont une grande influence sur l’âme. — Galien démontre qu’il en est de même pour la nourriture.


Hippocrate ayant montré, dans tout le traité Sur les eaux et sur le tempérament des saisons[2], que les puissances de l’âme,

  1. Voy. pour tout ce qui regarde ce passage sur le pouls, la dissertation que j’ai mise en tête du traité Sur le pouls, attribué à Rufus ; Paris, 1846, p. 5 à 9, et mes notes relatives au Commentaire de Galien sur le Timée de Platon ; Paris, 1848, p. 43.
  2. Voy. sur les divers titres qu’on a donnés au traité Des airs, des eaux et des lieux, la première note de M. Littré sur ce traité, et mon édition des Œuvres choisies d’Hippocrate, p. 194.