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DES MŒURS DE L'ÂME.

l’un et l’autre (chap. xxiv, p. 219). — Hippocrate entend par loi la manière constante de vivre dans chaque pays : elle comprend ce que nous appelons nourriture, éducation des enfants, habitudes du pays. J’ai cité ce passage d’Hippocrate en vue de ce que j’aurai à dire un peu plus tard, car ici je veux encore ajouter les passages suivants : « Ceux qui habitent un pays élevé, non accidenté, exposé aux vents et bien fourni d’eau sont nécessairement grands et se ressemblent entre eux ; leurs mœurs sont moins viriles et plus douces (ibid., p. 220). » Puis il ajoute ce qui suit relativement aux pays : « Ceux qui habitent des pays où le terroir est léger, sec et nu, et où les vicissitudes des saisons ne sont pas tempérées, ont la constitution sèche et nerveuse et sont plutôt blonds que bruns ; ils sont arrogants et indociles (ibid.). » — Et pour ne pas trop multiplier les citations, que dit ensuite Hippocrate ? « Vous trouverez le plus souvent, ajoute-t-il, que les formes et la manière d’être de l’homme se conforment à la nature du sol qu’il habite (ibid.). » — Il répète souvent, dans ce livre, que les contrées diffèrent entre elles eu égard au chaud et au froid, au sec et à l’humidité. Aussi plus loin il ajoute : « Partout où le sol est gras, mou et humide, où les eaux sont assez peu profondes pour être chaudes en été et froides en hiver, et où les saisons s’accomplissent régulièrement, les hommes sont ordinairement charnus, ont les articulations peu prononcées, sont chargés d’humidité, inhabiles au travail, ont une âme vicieuse, en sorte qu’on les voit plongés dans l’indolence et se laissant aller au sommeil. Dans l’exercice des arts, ils ont l’esprit lourd, épais et sans pénétration (ibid.). » Dans ce passage, Hippocrate montre manifestement que non-seulement les mœurs, mais aussi que l’obscurcissement ou la perfection de l’intelligence dépendent du tempérament des saisons. — Immédiatement après, il dit, dans les termes suivants, des choses analogues : « Mais dans un pays nu, sans abri, âpre, tour à tour exposé à la neige pendant l’hiver, et en été à l’ardeur du soleil, vous trouverez les habitants secs, maigres, ayant les articulations très-prononcées, robustes et velus ; vous constaterez que l’activité dans le travail, que la vigilance sont inhérentes à de telles natures, qu’elles sont indomptables dans leurs mœurs et dans leurs appétits, fermes dans leurs résolutions, plutôt sauvages que civilisées ; d’ailleurs plus sagaces dans l’exercice des arts, plus intelligents et plus propres aux com-