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DES MŒURS DE L'ÂME.

vrage où j’établis qu’il professe[1], sur les éléments, la même opinion dans le traité De la nature de l’homme que dans ses autres écrits. — Dans les passages qui suivent celui que je viens de citer, enseignant la même doctrine, Hippocrate parle de la manière suivante des régions tempérées, auxquelles il attribue le pouvoir de rendre les mœurs plus douces : « Ni le courage viril, ni la patience dans les fatigues, ni l’énergie morale ne sauraient exister avec une pareille nature, que les habitants soient indigènes ou de race étrangère ; l’attrait du plaisir l’emporte nécessairement sur tout (chap. xii, p. 209). » — Et plus bas, dans le même livre, il écrit : « Le défaut de courage parmi les hommes, et l’absence de virilité, qui rendent les Asiatiques moins belliqueux et plus doux de caractère que les Européens, tiennent principalement aux saisons qui n’éprouvent pas de grandes variations, ni de chaud, ni de froid, mais qui sont uniformes (chap. xvi, p. 211). » — Peu après il ajoute encore ce qui suit : « Du reste, vous trouverez que les Asiatiques diffèrent entre eux : ceux-ci sont plus vaillants, ceux-là sont plus lâches. Les vicissitudes des saisons en sont aussi la cause, ainsi que je l’ai dit plus haut (ibid., p. 212). » — Plus bas, dans le même livre, lorsqu’il arrive à parler des habitants de l’Europe, il dit : « Une telle nature donne quelque chose de sauvage, d’insociable, de fougueux (chap. xxiii, p. 218). » — Après cela il dit, dans un autre passage : « Tous ceux qui habitent un pays montueux, inégal, élevé, pourvu d’eau, et où les saisons présentent de grandes vicissitudes, sont naturellement d’une haute stature, très-propres à supporter le travail et bien disposés pour les actes qui exigent un courage viril. De tels naturels sont doués au suprême degré d’un caractère farouche et sauvage. Ceux, au contraire, qui vivent dans des pays enfoncés, couverts de prairies, tourmentés par des chaleurs étouffantes, plus exposés aux vents chauds qu’aux vents froids, et qui usent d’eaux chaudes, ne sont ni grands, ni bien proportionnés ; ils sont trapus, chargés de chair, ont les cheveux noirs, sont plutôt noirs que blancs, sont moins flegmatiques que bilieux ; leur âme n’est douée par nature, ni de courage viril, ni d’aptitude au travail ; mais, la loi venant en aide, ils pourraient les acquérir

  1. Voy. la fin du chap. ix et le chap. x du présent traité.