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DES MŒURS DE L'ÂME.

qui sont tournées vers les Ourses (le nord), il s’exprime en ces termes : « Les mœurs y sont plutôt farouches que douces (chap. iv, p. 197 de mon édit.[1]). » — Peu après il parle ainsi des villes tournées vers le levant : « Les hommes ont la voix claire et ont un meilleur caractère, une intelligence plus pénétrante que les habitants du nord (chap. v, p. 198). » Puis avançant dans son sujet, il disserte ainsi sur les habitants de l’Asie[2] : « Je dis que l’Asie diffère beaucoup de l’Europe par la nature de toutes choses, aussi bien par celle des productions de la terre que par celle des hommes. Tout vient beaucoup plus grand et beaucoup plus beau en Asie [qu’en Europe] ; le climat y est plus tempéré, les mœurs y sont plus douces, la cause en est dans le tempérament des saisons (chap. xii, p. 208). » Hippocrate dit que le tempérament est la cause non-seulement des autres circonstances qu’il a énumérées, mais aussi des mœurs. Pour montrer que, suivant Hippocrate, les tempéraments des saisons diffèrent les uns des autres par la chaleur, par le froid, par le sec et par l’humide, j’ai rassemblé plusieurs passages dans l’ou-

    physionomie, auquel Galien renvoie, est le même que celui qui a été plusieurs fois réimprimé sous le titre Ἀριστοτέλους φυσιογνωμικά ou φυσιογνωμονικά ; car on a des doutes très-fondés sur l’authenticité de ce livre. Il est fâcheux que Galien se soit ici montré si scrupuleux ; quelques citations faites par lui eussent très-probablement tranché la difficulté. Du reste, on trouvera d’amples détails sur la physionomie d’après les anciens, dans Scriptores physionomoniæ veteres, éd. de Franz. L’ouvrage d’Aristote est le plus sobre de détails ; ceux de Polémon et d’Adamantius sont très-prolixes. — Voy. aussi les Physiognomica d’Antigone de Caryste, éd. de Beckmann, p. 172-174 ; la ve et la vie section du IIe livre des Épidémies d’Hippocrate, et les notes de Schneider sur les passages d’Aristote que cite Galien. — Persona, dans son Commentaire, p. 242 suiv., croit beaucoup à la physiognomonie, et il essaye de trouver un rapport anatomique ou physiologique entre les dispositions de l’esprit et de l’âme et les signes extérieurs fournis par le visage ou les autres parties du corps. Ces pages sont un curieux monument des étranges aberrations où peut tomber un homme qui se charge de tout expliquer.

  1. Pour tous ces passages tirés d’Hippocrate, j’ai revu ma traduction (Œuvres choisies d’Hippocrate) sur le texte et je l’ai modifiée en beaucoup de points. — Plusieurs passages réclameraient des notes explicatives, mais comme elles ne se rapportent pas directement au sujet même du traité de Galien, je renvoie le lecteur à l’édition de M. Littré, et à mon premier travail.
  2. C’est sans doute par erreur que Goulston a imprimé τὴν οὐσίαν pour τὴν Ἀσίαν.