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DES MŒURS DE L'ÂME.

Mais écoutons Aristote, dans le premier livre de l’Histoire des animaux (I, viii) : « La partie du visage située au-dessous du bregma et comprise entre les deux yeux est le front. Les animaux sont lents si le front est grand ; vifs s’il est petit ; irascibles s’il est large[1]. » — Voilà déjà un passage, puis il en vient un autre immédiatement après : « Sous le front il y a les deux sourcils ; ils indiquent, s’ils vont en ligne droite, des mœurs douces ; s’ils se recourbent vers le nez, des mœurs farouches ; si c’est vers les tempes, la raillerie et la dissimulation ; s’ils sont baissés, ils signifient l’envie. » — Peu après Aristote ajoute : « Deux angles constituent le point de réunion des paupières inférieures et supérieures ; il y en a un vers le nez et un autre vers les tempes ; ils signifient, quand ils sont longs, un caractère mauvais, et quand ils sont courts, un caractère meilleur ; quand du côté du nez ils sont charnus, comme chez les milans[2], ils indiquent la méchanceté. » — Aristote ajoute : « Le blanc des yeux est semblable chez presque tous les animaux, mais ce qu’on appelle le noir offre des différences ; chez les uns, cette partie est noire ; chez d’autres, blanc bleuâtre[3] ; chez certains, bleu azuré ; cette dernière couleur est le signe d’un caractère excellent et la meilleure condition pour une vue perçante[4]

  1. Aristote ajoute : Courageux s’il est arrondi.
  2. Ὧν δὲ οἱ κτένες οἷον κρεῶδες ἔχοντες πρὸς τῷ μυκτῆρι, texte vulg. mais tout à fait altéré de Galien. Ἐὰν δὲ οἷον οἱ κτένες κρεῶδες ἔχωσι τὸ πρὸς τῷ μυκτῆρι texte vulg. d’Aristote. Si on traduit mot à mot le texte d’Aristote il signifie : Si les angles ont comme [en ont] les peignes quelque chose de charnu du côté du nez ; mais les peignes n’ont point d’yeux ; c’est là, comme on voit, une petite difficulté ; peut-être en supprimant οἱ pourrait-on traduire, mais en forçant la construction : Si les angles ont quelque chose de charnu qui ressemble aux peignes ; comparaison assez exacte du reste ; mais ne vaut-il pas mieux avec Canisianus et avec la vieille traduction arabico-latine, lire ἰκτῖνες (milvi) ? On sait en effet que les milans, comme tous les autres oiseaux de proie, ont une troisième paupière qui fait saillie sur le globe de l’œil à l’angle interne, au-dessus des deux autres paupières. J’avoue cependant que la persistance de κτένες jusque dans Galien, et l’absence de preuves tout à fait décisives en faveur d’ἰκτῖνες me tient en suspens. Schneider a adopté κτένες, mais je crois sans trop chercher à s’en rendre compte.
  3. Γλαυκόν. Voy. sur la signification de ce mot Sichel : Mémoire sur le glaucôme ; Bruxelles, 1842, 8o, p. 124 suiv. ; ce travail est rempli de recherches très-concluantes.
  4. Entre les mots bleu azuré (χαρωπόν) et cette dernière couleur, etc. Aristote ajoute ἐνίοις δὲ αἰγωπόν, c’est-à-dire : Chez d’autres l’œil est de la même couleur