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DES MŒURS DE L'ÂME.

colère[1]. C’est pourquoi les taureaux et les sangliers sont hardis et furibonds, car leur sang est très-fibreux, et le taureau est de tous les animaux celui dont le sang se coagule le plus promptement. Privé de ses fibres, le sang ne se coagule plus, car les fibres sont terreuses. Si on ôte la partie terreuse d’un bourbier, l’eau ne se solidifie plus ; de même le sang [quand les fibres en ont été retirées, ne se coagule plus] ; il se coagule, au contraire, quand elles restent. De la même manière la terre humide se congèle sous l’action du froid ; car le chaud étant expulsé par le froid, le liquide s’évapore en même temps, ainsi qu’il a été dit plus haut, et il se produit une congélation, le liquide étant desséché non par le chaud, mais par le froid. Tant que le sang est dans le corps, il est liquide à cause de la chaleur qui est dans les animaux. » — Après cela Aristote ajoute : « La nature du sang est considérée avec raison comme la cause de beaucoup de particularités chez les animaux, soit dans leur caractère, soit dans l’action de leurs sens, car il est la matière de tout le corps ; or, la nourriture est matière, et le sang est la nourriture intime ; il produit donc de grandes différences, s’il est ou chaud, ou froid, ou ténu, ou épais, ou pur, ou trouble. » — Comme on trouve dans les livres d’Aristote Sur les animaux et dans ses Problèmes[2] beaucoup d’autres passages analogues, j’ai

  1. Dans ce passage, le texte de Galien, tel qu’il est donné par les imprimés, diffère du texte ordinaire d’Aristote que reproduit exactement le manuscrit de Florence. Dans les imprimés de Galien on lit : Τὰ δὲ στερεὰ θερμανθέντα μὰλλόν εἰσι ἢ προσήκει θερμὰ, ὡς ἡ τῶν ἰνῶν φύσις ἐν τῷ ὑγρῷ· αἱ γὰρ ἴνες στερεώτεραι καὶ γεωδέστεραι, γίνονται οἷον αἱ πυρίαι ἐν τῷ σώματι, καὶ ζέσιν ποιοῠνται ἐν τοῖς θυμοῖς, et dans Aristote : Τὰ δὲ στερεὰ θερμ., μᾶλλον θερμαίνει τῶν ὑγρῶν, αἱ δὲ ἴνες στεῤῥὸν καὶ γεῶδες, ὥστε γίνονται οἷον πυρίαι ἐν τῷ αἵματι, καὶ ζέσιν ποιοῠσιν ἐν τοῖς θυμοῖς. La principale différence porte sur l’introduction des mots ὡς ἡ… ὑγρῷ, dont je ne m’explique pas la présence, qui ne me paraissent avoir aucun sens, et que Crassus, dans sa traduction, et le manuscrit de Florence omettent également. Pour le reste du passage, le sens général est le même dans les deux textes ; aussi je me suis conformé aux leçons que donnent les imprimés de Galien, car les différences de rédaction peuvent être de son fait et avoir disparu dans le manuscrit de Florence, par suite de la confrontation avec un manuscrit d’Aristote.
  2. Voy. Probl. X, 62. C’est le seul passage parallèle direct que j’aie rencontré dans cet ouvrage. Cf. aussi toute la section xxxvii. — On sait qu’Aristote avait écrit plusieurs collections de Problèmes, et l’on est porté à croire que nos Problèmes actuels répondent, au moins pour le fond, aux ἐγκύκλια προβλήματα, mais altérés,