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DES MŒURS DE L'ÂME.

imprègnent fortement de leur humidité, en se mêlant les unes avec les autres, la diathèse de l’âme, elles produisent des maladies de l’âme de toute espèce, plus ou moins fortes, plus ou moins nombreuses. En se portant vers les trois sièges de l’âme, suivant qu’elles se fixent vers l’un ou vers l’autre, elles causent une grande variété de morosité et d’abattement, souvent de l’audace ou de la lâcheté, et aussi la perte de la mémoire accompagnée d’abattement (p. 86 e). » Dans ce passage, Platon avoue manifestement que l’âme subit un certain mal par la cacochymie du corps. — De même, dans cet autre passage, il place la cause des maladies de l’âme dans la constitution du corps : « Un homme a un sperme abondant et visqueux, et ressemble à cause de cela à un arbre qui produirait des fruits outre mesure ; il éprouve, à chaque rapprochement sexuel, des douleurs violentes et des plaisirs vifs dans ses désirs et dans l’émission du sperme qui en résulte ; il est furieux pendant la plus grande partie de sa vie, à cause des douleurs semblables à celles de l’accouchement, et des voluptés excessives qu’il ressent, ayant une âme malade et délirante à cause du corps ; cet homme est considéré à tort, non comme un malade, mais comme un homme involontairement mauvais. La vérité est que l’ardeur pour les plaisirs vénériens tient en grande partie à une constitution d’une certaine espèce, qui dépend de la porosité des os, constitution fluxionnaire et humide,d’où résulte une maladie de l’âme (p. 86 c). » Dans ce passage, Platon a suffisamment montré que l’âme devient malade par suite d’une disposition vicieuse du corps. — Le sentiment de ce philosophe n’est pas moins évident par ce qu’il ajoute ensuite. Il dit en effet : « Pour presque toute espèce d’intempérance dans les plaisirs, tout reproche qu’on fait comme s’il s’agissait de fautes réputées volontaires, est injuste ; car personne n’est mauvais de plein gré ; mais on est vicieux à cause d’une mauvaise constitution du corps ou à cause, d’une éducation mal réglée ; pour tout homme c’est là un malheur qui est indépendant de sa volonté (p. 86 d)[1]. » Platon est donc d’accord avec

  1. Le texte vulgaire porte : παντὶ δὲ ταῠτα ἐχθρὰ καὶ κακόν τι προσγίγνεται. (or, ce sont là des choses odieuses à tout le monde et qui entraînent en outre quelque malheur.) Ce sens me paraît, comme à M. H. Martin, fort obscur ; j’ai donc lu avec lui ἄκοντι au lieu de κακόν τι. Cette leçon, confirmée par deux bons manu-