Page:Gaillard - Dans un monde inconnu, 1916.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 52 —

mieux que de sortir de la médiocrité où ils végétaient.

Dès que tout fut prêt il fit adresser le matériel à Ostende où le vapeur se trouvait. Comme les fabriques tout en sachant que c’était pour un pays d’outremer, savaient aussi que le matériel devait passer clandestinement, l’emballage fut fait de façon qu’on ignorât le contenu.

Il fut donc embarqué sans difficulté. Dès qu’il fut chargé le vapeur avec sa cargaison fila vers le Cap Horn ; Lucien comptait débarquer là, dans une anse déserte et remonter ensuite par terre ou le laisser sur place pour commencer les opérations en envahissant aussitôt le territoire qui sépare l’Argentine du Chili.

Il savait que de presque tous les indiens de l’empire du Soleil c’étaient les Araucans les plus intrépides.

Il s’aboucha avec le chef de la tribu et par l’entremise de Linda, il parvint à lui expliquer ce qu’il voulait. Celui-ci lui assura qu’endéans une quinzaine de jours il aurait pu concentrer cinquante mille guerriers qui commenceraient aussitôt l’instruction.

Laissant-là 200 mitrailleuses avec leurs munitions correspondantes ainsi que 40.000 fusils, il se dirigea vers Cuzco par voie de terre. Il avait laissé au préalable quatre millions de francs, suffisant pour une année de solde et frais des instructeurs. Il avait en outre fait monter une installation de télégraphie sans fil avec antenne de 200 mètres comme à Cuzco.

En cours de voyage il avait composé un code pour correspondre. Sous un aspect commercial il pouvait donner ou recevoir des nouvelles des opérations futures sans les dévoiler à autrui. Deux mois après il parvint à Cuzco avec vingt instructeurs des plus capables qu’il avait emmenés avec lui. L’inca lui annonça que Don Manuel de son côté avait engagé au Japon 200 officiers et 800 sous-officiers qui arriveraient sous peu à Mollendo avec 500 canons à tir rapide et leurs munitions correspondantes. En outre il avait remis au gouvernement péruvien les 100 millions promis, ainsi que les 50 à la Bolivie et les autres 50 au Paraguay.

Ces pays en avaient profité pour passer des commandes, aux États-Unis, de canons spéciaux, de canons à tir rapide, des fusils, mitrailleuses et munitions. La moitié de ces commandes était destinée à rester dans le pays, l’autre à la disposition de Atahualpa II. Pendant son absence l’inca était parvenu à réunir en outre 250 millions d’or en pépites pour cinquante millions de caoutchouc qui allait partir pour les États-Unis par Mollendo et San Francisco.

Lucien demanda au télégraphiste s’il avait pu capter des nouvelles intéressantes. Celui-ci lui dit que tout ce qu’il savait c’est que l’A. B. C. se préparait à entrer en campagne, après la saison des pluies ; c’est-à-dire dans trois mois. Le plan consistait comme l’avait prévu Lucien à faire