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nos effectifs. Le Brésil peut lancer sur nous, peut-être un demi-million d’hommes, mais le Paraguay l’obligera à immobiliser au moins 125.000 de ceux-ci. Sa flotte ne lui servira de rien puisqu’à part l’Amazone aucun fleuve n’est accessible à des tonnages si grands.

Il n’aura que la ressource de l’air. Le pays de Santos Dumont est redoutable sous ce rapport mais le Pérou qui fut la patrie des aviateurs, Chavez le vainqueur des Alpes et Bielovucie, n’est pas à dédaigner non plus.

Nous devons donc nous garantir des attaques de l’air par le placement de canons spéciaux en haut des montagnes et dans les endroits dangereux.

À mon avis Don Manuel devrait partir pour le Japon. Là il pourra recruter des instructeurs pour nos indiens et des cadres d’officiers pour les commander.

Je propose de lui donner 25 millions pour l’achat de matériel, les frais de recrutement et autres. La meilleure voie pour lui sera l’Amazone jusqu’au Para. De là jusqu’à la Nouvelle Orléans, San Francisco et Yokohama.

Moi, je partirai vers l’Europe faire les achats de matériel nécessaire. Je prendrai les autres 25 millions. Le reste du trésor pourra être distribué entre le Pérou, la Bolivie et le Paraguay. Comme ils ont l’étalon d’or ils frapperont eux-mêmes la monnaie sans vendre à perte les pépites d’or. Passons maintenant à la guerre économique. Le Brésil en dehors du café, tire ses ressources des droits d’exportation sur le caoutchouc provenant des échanges avec les indiens. Ses récoltes de café, ses stocks de celui-ci sont gagés depuis longtemps quand il voulut stabiliser les cours en réglant l’exportation. Je propose donc d’interdire à tous nos sujets de vendre quoi que ce soit aux négociants et d’exporter tout par le Pérou, bien entendu si ce pays nous est favorable sinon par le Paraguay ou par le Sud.

De même pour l’Argentine. Tous les pâturages doivent être dévastés, les troupeaux dispersés, les récoltes du Chili détruites en soulevant en masse les travailleurs presque tous indiens.

En outre et pour nous créer de nouvelles ressources, je propose d’interdire que l’or charrié par les rivières soit vendu. Il faut le centraliser ici et constituer un nouveau trésor de guerre. Étant donné que nous pouvons lutter des années et que nos ennemis sont des pays neufs, sans richesse personnelle, nous les vaincrons à la longue.

— Je vais de nouveau convoquer le Conseil des Anciens, dit l’inca, je lui soumettrai tes propositions, mon fils. Je te dirai sa réponse aussitôt.

Les assistants sortirent. Atahualpa II resta seul. Peu après il faisait mander les membres du Conseil auxquels il soumit les propositions de