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passeront par ici. Vous pourrez les faire prendre quand vous voudrez.

Les hommes s’éloignèrent du bureau du télégraphe.

Le lendemain matin Don Manuel parvint à vendre sur place aux principaux négociants pour dix millions de francs de pépites d’or. Elles furent payées en traites sur l’Europe et les États-Unis pour les neuf dixièmes. Le restant en espèces.

— Il nous faudrait aller à Manaos vendre le reste, dit le cacique à Lucien. Prenons assez pour faire quarante millions encore dit ce dernier. Le lendemain matin ils quittèrent Iquitos accompagnés de Linda. En deux jours ils atteignirent Manaos car ils descendaient l’Amazone. Ils parvinrent à réaliser leurs quarante millions d’or ; au prix cédé le bénéfice était appréciable. Comme à Iquitos, ils furent réglés, un dixième en espèces, le reste en traites à vue sur les principales banques d’Europe et des États-Unis. À leur retour à Iquitos ils firent prendre la copie des dépêches passées par le sans fil. Il y en avait plusieurs. De leur contenu il s’en déduisait que l’A. B. C. c’est-à-dire l’Argentine, le Brésil et le Chili s’étaient mis d’accord pour opposer une résistance à outrance aux revendications d’Atahualpa II. Mais les trois pays dédaignaient d’y faire une réponse directe et attendraient son attaque avant d’y riposter. Du Pérou, de la Bolivie et du Paraguay on demandait une réunion de plénipotentiaires à Puno pour causer.

— Retournons à Cuzco, dit Lucien, nous discuterons cela là-bas avec l’inca. Après avoir laissé quinze hommes armés pour la garde du trésor ils se mirent en route pour Cuzco. Dès leur arrivée ils informèrent l’inca du résultat de leurs démarches.

— La guerre est inévitable, dit Lucien. Voyons maintenant comment nous allons nous y prendre pour vaincre.

Commençons par les pays amis. Il est probable que le Pérou, la Bolivie et le Paraguay marcheront pour nous. Les avantages que nous en tirerons sont : deux issues directes à la mer. Celle de l’Atlantique pour l’Europe et celle du Pacifique pour les États-Unis et le Japon. En outre ces pays obligeront le Chili à distraire 75 pour cent de son armée pour se défendre contre eux. Ce dernier pays aura donc besoin de l’aide de l’Argentine. Il faut à tout prix empêcher leur jonction. Commençons par faire détruire la ligne de chemin de fer qui les relie à travers les Andes ainsi que tous les ouvrages d’art. Soulevons la Patagonie et l’Araucanie. Empêchons tout secours par mer en plaçant des mines dans le détroit de Magellan. Il leur restera la voie du canal de Panama mais outre que les États-Unis peuvent interdire le passage de celui-ci aux navires de guerre étrangers, nous avons le Pérou qui possède une flotte de sous-marins respectable.

L’Argentine et le Chili peuvent être tenus en respect avec le quart de