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— Je consens à être unie par vous, quitte à faire régulariser cela par un religieux si jamais il en vient un ici.

— En ce cas-là, dit Atahualpa II, à partir de cet instant tu es l’épouse de Lucien Rondia ici présent. Les deux nouveaux époux se jetèrent dans les bras l’un de l’autre.

— À mon tour je vais vous embrasser, car vous êtes à présent mes deux enfants, dit l’inca. Et ouvrant ses bras il les embrassa à tour de rôle.

— Vous habiterez provisoirement l’appartement de Lucien et mangerez à ma table. Ensuite vous habiterez une autre partie du Palais que je ferai aménager à votre intention. Maintenant vous pouvez vous retirer car j’ai des affaires importantes à traiter.

Les deux jeunes gens se rendirent l’un chez lui et l’autre annoncer à l’Impératrice et à ses sœurs son union avec Lucien. Le soir, après le souper, elles vinrent chez le monteur lui amener son épouse selon le rite indien. L’inca les accompagnait.

— Lucien, lui dit-il, le Conseil des Anciens est tout à fait de ton avis. Et maintenant je viens prendre congé de toi et de ma fille. Adieu Linda, Adieu Lucien.

Sur ces mots tous s’éclipsèrent laissant seuls les nouveaux époux. Lucien prit Linda par la taille et la fit asseoir sur un sofa à côté de lui.

— Ainsi, dit-il, tu es bien à moi, ma Linda adorée ?

— Oui, mon héros, répondit celle-ci. Je suis heureuse de pouvoir désormais ne vivre que pour toi. Dieu a voulu écouter ma prière. Quand le soir vient sur la ville endormie, que les yarabies lancent vers le tout Puissant leurs tristes mélopées, j’y ajoutais en moi-même une ardente prière pour qu’il m’envoyât le compagnon rêvé.

Il m’a écouté car tu es venu !

— Ainsi tu crois que c’est Dieu qui m’a envoyé vers toi ? demanda Lucien

— Oui, répondit Linda. Je vois, ton image encadrée d’une auréole comme devait avoir le Christ sur terre. Tu es l’apôtre choisi par lui pour aider à l’émancipation de la race indienne, de la terre de mes ancêtres !

— Laisse celà pour aujourd’hui, ma jolie, répondit Lucien. L’avenir se présente sombre, menaçant pour l’empire du Soleil mais, moi vivant il vaincra, j’en suis certain.

Linda prit la tête de Lucien et déposa un long baiser sur son front.

— Oui, tu vaincras, dit-elle, car tu es immortel ! Mais je serai à tes côté partout où il y aura du danger. À ce moment retentirent les accents féminins venant du Palais des femmes. Linda ne put résister à la tentation. À son tour elle commença à chanter. Lucien lui, rêvait. Par quels desseins secrets de la Providence était-il arrivé ici dans ce pays inconnu pour être le sauveur d’une race, trouver en même temps l’amour, la fortune et la gloire ?