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Rio de Janeiro… À Son Excellence le Président de la République du Pérou, le Président de la République des États-Unis du Brésil. Suis heureux annoncer signature protocole de délimitation territoire contesté par plénipotentiaires. Salut et prospérité. Fonseca.

— C’est très intéressant celà, dit l’inca.

— Attendons un peu dit Lucien, peut-être que d’autres dépêches vont suivre.

Effectivement cinq minutes après, une autre dépêche était captée. Elle était libellée ainsi :

À son Excellence le Ministre des Relations Extérieures du Pérou. Accord relatif au territoire contesté vient d’être signé. Brésil obtient jusqu’au Javari mais eaux fleuve restent péruviennes avec juridiction deux rives. Jusqu’à deux kilomètres rivage territoire Acre devient péruvien avec promesse d’interdiction absolue d’armes par Manaos. Bolivie obtient depuis rives Titicaca jusqu’au Madre de Dios avec juridiction deux rives jusque dix kilomètres rivage. Obtenons comme compensation abolition droits sur caoutchouc péruvien à l’embarquement Para. Cisneros.

— Me voilà fixé, dit l’inca. Comme je comprends c’est le Pérou qui est le dindon de la farce. On lui donne un territoire en pleine effervescence qui vient de proclamer son indépendance et dont les produits ne peuvent sortir que par le Brésil. L’abolition des droits d’exportation est un mirage car tout le caoutchouc du Pérou passe par les mains et les ports des Brésiliens.

La Bolivie obtient plus qu’elle ne demandait mais c’est tout aussi illusoire car elle n’a pas d’issue vers la mer. Mais tout cela à mon détriment. Eh bien ! nous verrons bien si cela se passera ainsi. Descendons. Peu après les deux hommes se trouvaient au Palais.

— Mon ami, dit l’inca, puis-je compter absolument sur vous ?

— Vous le pouvez dit Lucien.

Le salut de mon empire dépend de vous à cette heure. Si vous me servez fidèlement vous aurez de moi tout ce que vous voudrez.

— Si je vous faisais une demande qui ne vous agréerait pas, vous formaliseriez-vous ? demanda Lucien.

— J’accepterai ou refuserai, selon le cas, mais je ne me formaliserai pas. De quoi s’agit-il ?

— De votre fille Linda. Je l’aime et ne lui suis pas indifférent.

— Vous voudriez vous unir à elle ? demanda le monarque.

— Oui si vous consentez, je vous serai dévoué jusqu’à la mort.

— J’accepte, dit l’inca. Je vous la donne et y ajoute un apanage de deux cents kilos d’or par an soit environ 500.000 francs annuels.

— Merci, grand monarque, s’écria Lucien en lui embrassant les deux mains avec effusion.

(à suivre).