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Le bateau à moteur électrique est destiné à communiquer rapidement avec mes sujets.

— Mais avez-vous une communication directe avec l’Océan ? demanda Lucien.

— Oui, nous l’avons. Avec l’Amazone et avec l’Atlantique.

— Comment ! s’exclama Lucien, vous avez dit avec l’Atlantique ?

— Évidemment, dit l’inca, par le fleuve Paraguay, le Maldonado, le rio de la Plata et encore bien d’autres. Tous ces fleuves sont navigables pour nos indiens. Quant à l’Amazone nous y communiquons par un fleuve qui passe à deux lieues d’ici et qui se déverse dans le Javari. Mais nous pouvons y communiquer aussi par le Madré de Dios, le Madeira, le Tocantines et bien d’autres non connus des géographes.

— Comment ferez-vous pour amener le bateau et l’Antenne qui se trouvent à Iquitos ? demanda Lucien.

— Vous le verrez bien, puisque vous accompagnerez Don Manuel. Mais auparavant vous allez me jurer sur votre Dieu que jamais vous ne parlerez à âme qui vive de l’existence de cet empire.

— Je vous le jure, dit Lucien en étendant la main.

— C’est bien, dit l’inca. Mais sachez que si vous faites un faux serment vous payeriez de votre vie ce parjure.

— Vous pouvez être tranquille dit Lucien. Je vous serai dévoué pour la vie.

— Moi, de mon côté je ferai de vous mon bras droit. Si vous êtes ambitieux vous deviendrez un puissant de la terre. Laissez-moi vous présenter ma famille à présent. Et se levant il conduisit Lucien vers une porte qu’il poussa.

Plusieurs salles vides furent traversées puis ils se trouvèrent dans une cour. Au fond un grillage et une sentinelle. À la vue du monarque celle-ci se prosterna et ensuite ouvrit la grille.

Deux bambins accoururent au devant de l’inca. Mon fils Manco Capac et ma fille Huscavina dit-il à Lucien. Les enfants prirent chacun une main du père puis continuèrent leur route avec lui.

Poussant une porte, les deux hommes se trouvèrent dans une salle presque vide. Pour tout ornement il y avait des nattes sur le sol. Plusieurs femmes étaient assises par terre. Voici, dit-il, mon épouse Mayac et ses sœurs. Lucien s’inclina devant l’impératrice qui lui tendit la main. Il déposa un baiser sur le bout des doigts. Soyez le bienvenu, dit Mayac, dans l’empire du Soleil. Cela vous étonne qu’elle parle l’espagnol ? dit l’inca. Elle a été à l’école des sœurs à Puno. Après quelques mots d’amabilité les deux hommes quittèrent les dames.

— Maintenant je vais vous conduire à votre appartement. Traversant de nouveau la cour ils se dirigèrent vers l’angle opposé.