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ne connaissez pas dit l’Inca. Vous n’employez cet animal dans les laboratoires, sous le nom de cobayes, que pour des expériences.

— Peut être parce qu’il ressemble trop au rat répondit Lucien, mais en tout cas il est excellent,

Le pain était remplacé par la cancha (maïs grillé) et le vin par la chicha aigre ou douce à volonté.

Le dessert comprenait quelques pâtisseries à la farine de maïs faites par Linda, dont raffolait le monarque.

Puis vint le café, agrémenté d’un verre de Rhum. Ensuite des cigares faits dans l’empire mais avec des feuilles de tabac brésilien.

Quand ils furent seuls l’inca dit : Vous ignorez sans doute pourquoi je vous ai fait venir ? Eh bien, je vais vous le dire. Je ne dois pas avoir de secrets pour vous puisque vous-êtes, à moins de circonstances fortuites, destiné à vivre pour toujours avec moi.

Connaissez-vous notre histoire, c’est à dire celle d’avant la conquête du Pérou ?

— Imparfaitement répondit Lucien.

— Je vais vous la raconter. Nos origines remontent aux plus anciens temps de la création du monde.

Nous sommes des descendants de phéniciens ou égyptiens je ne sais au juste, ce dont je suis quasi-certain c’est qu’à un moment donné ceux-ci remontèrent jusqu’au Japon. De là par l’océan Glacial et le détroit de Behring parvinrent en Amérique. Les uns se fixèrent au Canada et aux États-Unis et formèrent les Peaux-Rouges.

Au Mexique ce furent des Aztèques. Petit à petit ils descendirent plus bas pour arriver jusqu’aux régions équatoriales. Au Pérou une scission se produisit. Une partie devint le quechua l’autre l’aïmara.

La preuve de ce que je vous dis se trouve surtout au Mexique, tout y dénote notre origine, l’architecture, nos mœurs, notre religion.

Quand Christophe Colomb débarqua à Saint Domingue, il crut du reste se trouver aux Indes.

Après la découverte du Nouveau Monde une foule d’aventuriers se rua à la curée. Herman Cortez pilla et tua Mœtezuma au Mexique, le conquistador Francisco Pizarro en fit de même de mon ancêtre Atahualpa.

On peut dire que celui-ci avait fait la même chose à son frère Huascar mais c’était en guerre loyale.

Les deux fils de Manco Capac n’étaient pas issus de la même mère.

— Bref après la mort d’Atahualpa, par traîtrise et foulant aux pieds les engagements les plus solennels, les indiens résolurent de fuir, les uns vers le Nord, d’autres vers le Sud. Notez bien que c’était la même race, mais au contact de la civilisation ils dégénérèrent et perdirent