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— Mon ami, répondit Don Manuel, permettez-moi de vous dire que du moment où je vous dis de faire ainsi c’est que je sais comment m’y prendre.

— Don Manuel, je vous en prie, soyez plus explicite, dit à nouveau Petitjean. La question est plus importante que vous ne croyez car si réellement il existait une communication fluviale entre vos contrées et l’Amazone, celui qui en obtiendrait la concession ou le monopole gagnerait des centaines de millions car il pourrait faire concurrence avantageusement au canal de Panama ou au détroit de Magellan.

Don Manuel eut une hésitation puis répondit :

— Non, il n’y a pas de communication directe mais je puis à certains endroits faire tirer le bateau sur des troncs d’arbres par les milliers d’indiens que je commande. On n’ira pas vite mais les obstacles ne sont pas bien longs non plus.

Qu’est-ce que quelques mois de plus ou de moins font à l’arrivée ? Pas grand chose pour nous qui y sommes habitués.

La réponse du cacique était si plausible que Petitjean la crut sincère. Cette antenne que vous désirez dit-il à nouveau est-elle destinée à l’émission ou à la captation des ondes ?

À vrai dire, dit Don Manuel en riant, c’est un simple caprice à moi.

Je veux pouvoir être au courant de tout ce qui se passe dans le monde entier. Sachant que les postes du Para, de Manaos, d’Iquitos, de Lima sont reliés au réseau mondial, moi qui me trouve dans leur centre il me plaît de capter les ondes aussi.

— C’est un caprice de milliardaire, dit Petitjean, mais puisque vous pouvez le faire tant mieux pour vous. Je commanderai donc un appareil récepteur et si plus tard vous désirez à votre tour émettre des nouvelles je vous en procurerai un autre.

— J’aime mieux ainsi car l’antenne n’aura pas besoin d’être si solidement construite.

— Si vous aviez eu le caprice d’avoir une cabine émettrice au dessus il aurait fallu des bases presque aussi larges que celles de la tour Eiffel sans compter que l’armature aurait dû être plus solide.

Vous avez de la chance d’avoir trouvé ici l’ami Lucien car si vous m’aviez commandé cela avant son arrivée j’aurais dû faire venir des monteurs d’Europe. Et qui sait si je les aurais trouvés ? Tandis que lui ne rêve que d’aller dans vos contrées. N’est-ce pas Lucien ?

— Oui, messieurs dit celui-ci ; seulement si c’est moi qui dois faire tout le montage il me faudra longtemps surtout pour l’antenne qui devra se composer de pièces superposées à river au fur et à mesure qu’on s’élèvera en hauteur.

Puis des treuils et des manœuvres.