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pouvez le faire ; j’ai justement du matériel qui arrivera à Mollendo dans quinze jours, destiné à Puno sur le lac Titicaca et vous pourriez le monter.

— Avec plaisir, répondit Lucien.

Une semaine après, en allant au bureau, il vit le patron causant avec un homme corpulent, le panama rabattu jusqu’aux yeux. Ce doit être Petitjean, pensa-t-il.

Peu après, les deux hommes venaient trouver Lucien à l’atelier de montage.

— Monsieur Rondia, dit Darbin, voici mon gérant d’Arequipa. Je lui ai parlé de vous. Il est content que vous l’accompagniez à son retour.

Lucien s’approcha.

— C’est toi qui veux aller chez les Indiens ? demanda Petitjean.

— Oui, monsieur, répondit le monteur.

— Mais les connais-tu au moins ? Comment te feras-tu comprendre d’eux ?

— J’apprendrai à les connaître, à leur parler, répondit Lucien.

— On voit bien que tu es liégeois, dit Petitjean. Tous les mêmes, aventureux, téméraires même. Je ne dis pas ça pour te rebuter, petit, loin de là.

Eh bien si le cœur t’en dit, dans une quinzaine de jours, nous prendrons le bateau au Callao pour Mollendo. De là nous irons par chemin de fer jusqu’à Arequipa. Tu peux commencer tes préparatifs de départ. Munis-toi d’effets chauds car nous devons traverser la Cordillère des Andes et passer par des endroits très froids et humides.

— Bien, monsieur, dit Lucien en s’éloignant.

Deux semaines s’écoulèrent ainsi. Pendant l’intervalle Lucien avait fait ses emplettes. Il emportait même un violon car il était bon musicien.

Le jour du départ, dès le matin, il porta lui-même jusqu’à la consigne sa valise et son instrument de musique puis il revint prendre congé de sa logeuse et des pensionnaires sans oublier le Consul de Belgique.

Après avoir pris son repas, il alla de nouveau à la gare, il devait retrouver Petitjean et Darbin à la station vers deux heures.

Il y était à peine d’un quart d’heure que ceux-ci arrivèrent. Il alla retirer ses bagages puis vint rejoindre les deux hommes.

Ensuite il monta dans le compartiment avec eux. Le patron les accompagnait jusqu’à l’embarquement.

Enfin vers quatre heures de l’après-midi le Chalaco quittait le port du Callao en route vers le Sud.

Petitjean était habitué aux voyages par mer et Lucien de son côté sortait de faire son apprentissage ; aussi s’attablèrent-ils aussitôt que la