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nous est un être au dessus de nous. Nous savons que derrière lui il y a son pays bien souvent plus puissant que le nôtre et qui nous ferait payer cher un mauvais accueil fait à l’un de ses nationaux. Lucien ne put s’empêcher de penser que c’était là l’inverse de l’Europe où l’étranger au contraire, est plus mal regardé que les nationaux du pays.

Je note un bon point pour les gens d’ici, se dit Lucien. Tout en marchant, il admirait la ville.

Celle-ci présentait comme particularité que toutes ses rues semblaient avoir été tracées en même temps.

Toutes droites, elles étaient coupées tous les cent mètres par des rues transversales de la même longueur.

Pas de lignes obliques, de pans coupés, tout uniforme. En ayant demandé la raison à l’agent, celui-ci lui répondit que c’était dû à ce que Lima était une ville toute moderne. Toutefois, ajouta-t-il, si vous passiez le vieux pont de pierre que vous avez vu à côté de la gare et vous dirigiez vers le faubourg de Malambo vous ne trouveriez pas toujours la même uniformité.

Et cette montagne qui se trouve de l’autre côté du Rimac, comment s’appelle-t-elle ? demanda Lucien.

C’est le San Cristobal. Au dessus c’est un fort qui défend Lima et même Callao, car ses canons portent jusqu’en pleine mer.

Tout en causant ainsi, ils avaient atteint une maison de belle apparence. Au dessus de la porte d’entrée se détachait un écusson avec les armes de Belgique et les mots : Consulat Général de Belgique.

Vous voilà arrivé à destination, dit l’agent. Lucien voulut le récompenser avec une pièce de monnaie mais celui-ci refusa.

— Au revoir, caballero, dit-il en le saluant militairement. Lucien lui tendit la main en lui disant : au revoir, camarade.

Puis il sonna à la porte d’entrée.

Une servante, une petite négresse vint ouvrir.

Lucien lui demanda si le consul était visible. La négresse répondit :

— Oui, monsieur, entrez au salon, je vais l’appeler. Quelques instants après, un homme d’une cinquantaine d’années, à la figure sympathique pénétrait dans le salon.

Lucien se leva et salua respectueusement.

— Vous êtes probablement un compatriote ? demanda le consul.

— Oui monsieur le consul, originaire de Liège comme vous pouvez constater par les documents que voici. Et Lucien tendit au consul ses papiers. Celui-ci les prit et les examina attentivement.

— Il y a longtemps que vous êtes à Lima ? demanda t-il.

— Depuis une heure ou deux, monsieur.