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domination française

l’officier de milice qui disait que l’on était consterné, lorsque je faisais le siège du fort Guillaume-Henry, et que Webb avait grand’peur ; qu’il n’y avait, personne à Orange et New-York, et que l’on aurait pris avec facilité Lydins, M. le Marquis de Vaudreuil rabâcha, beaucoup sur cela, moi présent. À la fin, avec beaucoup de modération (car les assistants et le chevalier de Montreuil l’assurent), je lui dis mes raisons pour n’y avoir pas marché, qu’il ne fallait pas se repaître de chimères. »

« J’interpellai M. Le Mercier, qui fut de mon avis et défila, et n’osa plus rester davantage ; et je conclus par lui dire modestement que je faisais de mon mieux à la guerre, suivant mes faibles lumières ; que, quand on n’était pas content de ses seconds, il fallait faire campagne en personne pour exécuter ses propres idées. Les larmes lui en vinrent aux yeux, et il mâcha entre ses dents que cela pourrait être. La conversation finit de ma part : — J’en serai comblé, et je servirai volontiers. »

« Madame de Vaudreuil voulut s’y mêler : — Madame, permettez que, sans sortir du respect qui vous est dû, j’aie l’honneur de vous dire que les dames ne doivent pas parler guerre. Elle voulut continuer : — Madame, sans sortir du respect qui vous est dû, permettez que j’aie l’honneur de vous dire que si Madame de Montcalm était ici et qu’elle nous entendît parler guerre avec M. le Marquis de Vaudreuil, elle garderait silence. »

« Cette scène, devant huit officiers, dont trois de la colonie, sera brodée, rebrodée ; la voilà telle. Je lui parlai des vivres et je lui dis : M. l’intendant, qui est l’homme du Roi, comme vous, Monsieur[1] et qui, sur cette

  1. Dans l’exercice de ses fonctions d’intendant de justice, police et finances. M. Bigot relevait en effet directement de l’autorité royale. — E. G.