diens, c’est-à-dire les créoles du Canada, respirent en naissant un air de liberté qui les rend fort agréables dans le commerce de la vie, et nulle part ailleurs on ne parle plus purement notre langue. On ne remarque ici aucun accent.
« On ne voit point en ce pays de personnes riches, et c’est bien dommage, car on y aime à se faire honneur de son bien, et personne ne s’amuse à thésauriser. On fait bonne chère si avec cela on peut avoir de quoi se bien mettre : sinon on se retranche sur la table pour être bien vêtu. Aussi faut-il avouer que les ajustements font bien à nos créoles. Tout est ici de belle taille, et le plus beau sang du monde dans les deux sexes ; l’esprit enjoué, les manières douces et polies sont communes à tous ; et la rusticité, soit dans le langage, soit dans les façons, n’est pas même connue dans les campagnes les plus écartées. »
En 1721, toute la population de la Nouvelle-France s’élevait à 25,000 âmes. Elle était de 50,000 âmes en 1744, et onze ans plus tard, immédiatement avant la guerre qui fut pour nous la lutte suprême, elle avait atteint le chiffre de 80,000 âmes, l’armée comprise. La population de la Nouvelle-Angleterre s’élevait alors à 1,200,000. Nous étions un contre quinze.
Reprenons le récit sommaire de quelques-uns des événements qui suivirent la signature du traité d’Utrecht.
M. de Vaudreuil passa en France en 1714, et en revint en 1716[1]. À son arrivée à Québec, il était tellement malade qu’il dut se faire transporter à l’Hôtel-Dieu, où
- ↑ Ce fut M. Claude de Ramezay, gouverneur de Montréal, qui remplit les fonctions de gouverneur-général pendant l’absence de M. de Vaudreuil.