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le fort et le château saint-louis

Le premier gouvernement de M. de Frontenac (de 1672 à 1682) fut déplorable à certains points de vue. Le comte, « homme fort du monde et parfaitement ruiné, » comme disait le duc de Saint-Simon, était despote et cassant à l’extrême, et il employa plus d’une fois son autorité à entraver l’action bienfaisante des meilleurs amis des colons et des sauvages. Son deuxième gouvernement (de 1689 à 1698) en fit l’idole du peuple et le porta lui-même à l’apogée de sa gloire.

Les Récollets de Notre-Dame-des-Anges avaient reçu de Louis XIV, en 1681, le don d’un emplacement occupé antérieurement par la Sénéchaussée, en face du fort Saint-Louis, et y avaient établi une succursale de leur monastère que l’on appelait : « le couvent du Château. » En 1693, Monseigneur de Saint-Vallier ayant obtenu de l’Hôtel-Dieu un essaim de religieuses pour fonder un « hôpital général » à Notre-Dame-des-Anges, les Récollets cédèrent leur établissement des bords de la rivière Saint-Charles, et le « couvent du château » devint leur unique établissement à Québec. C’est à cette époque que fut construite

    l’Artillerie. Elle avait été belle et ne l’avait pas ignoré. Elle et Mademoiselle d’Outrelaise, qu’elle logeait avec elle, donnaient le ton à la meilleure compagnie, de la ville et de la cour. On les appelait les Divines. En effet, elles exigeaient l’encens comme des déesses, et ce fut toute leur vie à qui leur en prodiguerait. Mademoiselle d’Outrelaise était morte il y avait longtemps. C’était une demoiselle du Poitou, de parents pauvres et peu connus, qui avait été assez aimable et qui perça par son esprit beaucoup plus doux que celui de son amie, qui était impérieuse. Celle-ci (Madame de Frontenac) était une fille d’un maître-des-comptes qui s’appelait Lagrange-Trianon. Madame de Frontenac était excessivement vieille et voyait encore chez elle force bonne compagnie. »

    On comprend le peu d’attraits que le pauvre château Saint-Louis devait offrir à une femme ainsi accoutumée aux raffinements de la civilisation : aussi ne vint-elle jamais en Canada.

    Il existe au palais de Versailles un tableau représentant une Minerve que l’on dit être un portrait de Madame de Frontenac.