plus pénible pour lui et la plus assourdissante. Les femmes ouvraient les fenêtres pour le voir passer, et disaient : « — Tiens, mais c’est Monsieur Colin-Maillard qui vient nous faire visite ! »
Rendu dans la grande salle du château Saint-Louis, il fut débarrassé de son bandeau, et se vit, à sa grande surprise, entouré de nombreux officiers aux brillants uniformes et à l’apparence joyeuse, que dominait du regard et du geste l’imposant comte de Frontenac.
La position du pauvre trompette n’était pas gaie. Cependant il s’acquitta courageusement, et non sans quelque dignité, de la tâche dont on l’avait chargé, bien qu’il dût comprendre alors tout ce qu’il y avait d’excessif dans la sommation dont il était le porteur.
Phipps, dans sa dépêche, accusait les Français de souffler la haine et la division en Amérique ; mais il ajoutait qu’afin d’éviter l’effusion du sang, il ne ferait aucun mal à la garnison de Québec, pourvu que les Français lui livrassent, en sa qualité de représentant du roi Guillaume et de la reine Marie, leurs forts et châteaux, sans les endommager, toutes leurs munitions, toutes leurs provisions, et qu’ils remissent aussi leurs personnes et leurs biens à sa disposition. « Ce que faisant, disait-il, comme chrétien, je vous pardonnerai, ainsi qu’il sera jugé à propos pour le service de Leurs Majestés et la sûreté de leurs sujets (!!!). Ce que si vous refusez de faire, je suis venu pour venger, avec le secours de Dieu et par la force des armes, les torts et les injures que vous nous avez faits et vous soumettre à la Couronne d’Angleterre, et je vous préviens que vous regretterez de n’avoir pas accepté la faveur qu’on vous offre. Votre réponse positive dans une heure par votre trompette, avec le retour du mien, est ce que je vous demande au péril de ce qui pourrait s’en suivre. »