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le fort et le château saint-louis

Les Hurons, campés près du fort Saint-Louis, furent étonnés de voir des caribous si bien apprivoisés ; car, à l’exception d’un cheval envoyé à Québec vingt ans auparavant et dont les « habitants » avaient fait présent à M. de Montmagny, aucun animal de cette race n’avait jamais été vu en Canada.

Nous ne suivrons pas M. de Tracy dans sa victorieuse expédition de 1666 contre les Iroquois, mais nous ferons ici mention du défilé de sa petite armée, sous les murs du fort Saint-Louis au moment du départ. Ce corps d’élite, formé par M. Talon, était composé de six cents soldats, tirés de différentes compagnies, de six cents Franco-Canadiens et de cent Sauvages, algonquins et hurons, soit treize cents hommes en tout. Il se mit en mouvement le 14 septembre, le jour de l’Exaltation de la Sainte Croix, d’après le désir formel de M. de Tracy.

La troupe étant prête à partir, le lieutenant-général invita l’un des chefs iroquois retenus prisonniers au fort Saint-Louis à venir la voir défiler. Lorsque le chef agnier aperçut cette petite armée, qui lui paraissait formidable, et lorsqu’il la vit manœuvrer avec une précision et un ensemble qui, pour lui, tenaient du prodige, il fut frappé d’admiration et ne put retenir ses larmes. Mais s’il ne douta pas de la défaite des hommes de sa nation, il ne douta pas non plus de leur courage : « Ononthio, dit-il à M. de Tracy, nous sommes perdus ; mais notre perte coûtera cher ; notre nation se défendra jusqu’à l’extrémité

    rir occupaient toutes les places ; dans l’entrepont étaient quatre-vingts filles d’honneur pour être mariées à notre arrivée à Québec, et puis nos 70 travaillants avec équipage formaient une arche de Noé. Notre traversée fut assez heureuse quoiqu’elle durât trois mois et dix jours pour arriver au dit Québec. » (Journal de Jean Doublet.)