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le fort et le château saint-louis

cette année, était presque aussi considérable que toute la population française déjà résidante au Canada. Soldats, marchands, colons, tous comptés, formaient plus de deux mille âmes ; et les vingt-quatre compagnies de Carignan, renfermant en moyenne un peu plus de cinquante hommes chacune, donnaient en tout douze à treize cents soldats »[1].

Le lieutenant-général, le gouverneur et l’intendant étaient, au témoignage de la Mère Juchereau de Saint-Ignace, doués de toutes les qualités que l’on pût souhaiter. « Ils avaient tous trois une taille avantageuse et un air de bonté qui leur attirait le respect et l’amitié des peuples ; ils joignaient à cet extérieur prévenant beaucoup d’esprit, de douceur et de prudence, et s’accordaient parfaitement pour donner une haute idée de la puissance et de la majesté royales ; ils cherchèrent tous les moyens à former ce pays et y travaillèrent avec une grande application : cette colonie, sous leur sage conduite, prit des accroissements merveilleux. »

Les jeunes filles envoyées de France en 1665 avaient été bien choisies, de même que celles qui furent envoyées les années suivantes ; un certain nombre de ces dernières, au témoignage de Talon, étaient de quelque naissance[2].

Les temps de privations, d’angoisses, de luttes incessantes et de souffrances inouïes, connus dans l’histoire sous le nom de « temps héroïques du Canada, » étaient passés ; — non pas que la valeur et l’héroïsme dussent cesser de se produire, mais parce que ces vertus suréminentes ne devaient plus être les vertus de tous et les vertus de chaque jour.

  1. Cours d’Histoire du Canada.
  2. Archives de Paris.