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les chevaux canadiens

ces temps-là sans que le noble animal y ait mit la main, je veux dire la patte.

Le 16 juillet 1665, on débarqua à Québec douze chevaux envoyés par le roi de France. Il y avait à bord du navire qui les transportait un pauvre petit diable qui devait fournir une carrière aventureuse dans la flibusterie. Il se nommait Jean Doublet, et il a laissé des mémoires qui ont été imprimés il y a quelques années (en 1883). D’après son journal, le roi de France avait envoyé vingt chevaux en Canada. Huit seraient donc morts pendant la traversée, puisqu’il n’en arriva que douze à Québec. Ces premiers chevaux — tirés des écuries royales — firent le voyage de la vieille à la nouvelle France en brillante compagnie. Voici comment s’exprime Doublet :

« Nous trouvâmes ce navire extrêmement embarrassé par 18 cavales et 2 étalons, des Harnois du Roi, et dont les foins pour les nourrir occupaient toutes les places. Dans l’entrepont étaient quatre-vingts filles d’honneur pour être mariées à notre arrivée à Québec, et puis nos 70 travaillants avec équipage, formant une arche de Noé. La traversée fut assez heureuse, quoiqu’elle durât trois mois et dix jours pour arriver au dit Québec. »

Cette même année 1665 vit arriver dans la Nouvelle-France M. de Tracy, M. de Courcelles, l’intendant Talon et huit compagnies du régiment de Carignan-Salières, dont plusieurs officiers devaient être d’excellents cavaliers. Les Hurons campés près du fort Saint-Louis furent émerveillés du faste déployé par les nouveaux venus, et surtout de voir les orignaux de France, comme ils appelaient les chevaux, si admirablement dressés et se pliant si volontiers aux fantaisies de ceux qui les montaient. Des vaches et des moutons furent aussi débarqués à Québec (où il y en avait déjà) dans l’été de 1665, et il se trouva dès lors dans la