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le fort et le château saint-louis

Que devint son cheval ? Il n’est guère probable qu’on ait songé à lui faire traverser de nouveau l’Océan. Cependant il est à peu près certain qu’il n’était pas à Québec en 1650, puisque les Hurons qui y descendirent cette même année, pour se fixer dans le voisinage, semblaient n’avoir jamais vu d’animal de cette espèce lorsqu’arrivèrent les premiers chevaux envoyés par le roi de France, quinze ans plus tard.

Peut-être le pauvre animal est-il mort de nostalgie peu de temps après son arrivée. Il était seul ici de son espèce, et devait s’ennuyer à mourir. Mettons-nous un peu à sa place…

De quelle race était-il ? Si on avait une photographie de sa tête ou d’une de ses pattes, nos savants zootechniciens de Québec ou de Montréal auraient bien vite fait de reconstituer tout l’individu ; mais l’intéressante bête vécut trop tôt dans un monde trop jeune : lorsqu’elle allait brouter l’herbe des prés, à l’ombre des grands ormes des Ursulines ou près du jardin de Guillaume Couillard ; lorsqu’elle allait s’abreuver au ruisseau qui coulait en face du terrain donné aux Jésuites par la compagnie des Cent Associés, Daguerre n’était pas né encore, et les Notman et les Livernois n’étaient pas même soupçonnés.

L’année 1647 — qui vit le premier blanc pénétrer jusqu’au lac Saint-Jean — fut pour Québec une année remarquable. La résidence des Jésuites, le château Saint-Louis et l’église paroissiale — plus tard la cathédrale de Québec — furent commencés cette année-là. Mais ce fut en 1648 que se firent les principaux travaux de maçonnerie de ces édifices, et il y a lieu de croire que le cheval de M. de Montmagny eut à peiner plus d’une fois dans le voisinage de la rue des Carrières à cette occasion. M’est avis qu’il ne s’est fait aucun travail important dans Québec en