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domination anglaise

Il n’en fut pas de même de l’antique magasin de l’ingénieur Villeneuve. Bien que personne ne connût l’histoire de cet étrange bâtiment, on soupçonnait qu’il y avait là quelque chose.

Construit vers la fin du dix-septième siècle ; englobé, juste un siècle plus tard, dans des bâtiments qui le tinrent caché pendant cent sept ans, le vieux « magasin » était à peu près ignoré de la ville de Québec quand la démolition du château Haldimand vint révéler son existence au public et livrer aux regards sa massive et solide construction.

On n’y fit guère attention tout d’abord, et la pioche du démolisseur y avait pratiqué de larges trouées lorsque des citoyens influents s’interposèrent et demandèrent au syndicat du Pacifique, tout puissant dans la nouvelle compagnie, de préserver ce curieux bâtiment de la destruction.

La presse se mit de la partie. M. James LeMoine et M. Joly de Lotbinière, entre autres, publièrent dans le Morning Chronicle des lettres intéressantes.

M. LeMoine prétendait, avec raison, que l’ancienne dépendance de l’école normale était bien la Vaulted House, originally a Powder Magazine, dont parlait M. James Thompson, dans son journal du 21 août 1787. De plus, il s’appuyait sur des indications d’un ancien plan du fort Saint-Louis pour conjecturer que ce magasin pouvait bien avoir existé en 1690, lors de l’attaque de Québec par l’amiral Phipps.

De son côté, M. Joly de Lotbinière demandait que le vieux « magasin » fût préservé de la destruction, surtout s’il était prouvé qu’on avait tiré de ses flancs la poudre avec laquelle Frontenac avait fait parler ses canons, et donné au représentant du prince d’Orange la foudroyante réponse répercutée par les échos du grand fleuve et de l’histoire.