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domination anglaise

obtenir de l’Angleterre, pour l’Église du Canada, une indépendance que celle-ci n’avait connue ni sous le nouveau régime, ni même sous le régime français, déploya en cette circonstance autant de fermeté que de tact et de modération. Il était d’ailleurs fort instruit, et avait une connaissance étendue des lois anglaises touchant le domaine religieux. Craig, qui voulait que le roi de la Grande-Bretagne nommât les évêques et les curés canadiens, et ignorait la doctrine catholique relativement à la juridiction spirituelle, tenta de faire briller aux yeux du prélat les avantages matériels qui lui reviendraient en acceptant la suprématie ecclésiastique du roi. Le prélat ne prononça pas le mot comediante, qui échappa, a-t-on dit, à Pie VII dans l’entretien de Fontainebleau, quelques mois plus tard, mais il exposa d’une façon lucide[1] la doctrine de l’Église à son interlocuteur, moins susceptible de la comprendre qu’était Napoléon.

Les événements de la « guerre de 1812 » vinrent servir nos intérêts. Mis en suspicion, maltraités dans leurs chefs par une caricature de potentat, les Canadiens n’avaient rien perdu de leur loyauté, et ils oublièrent généreusement leurs griefs lorsque sir George Prevost, successeur de Craig, leur témoigna une confiance qui était à leur honneur réciproque. La guerre ayant été déclarée, en 1812, entre l’Angleterre et les États-Unis (à propos du droit de visite), le gouverneur donna la garde de sa capitale aux Canadiens-Français. Il n’en fallait pas davantage pour faire éclater la générosité et les sentiments chevaleresques de nos pères. Le plus brillant fait d’armes de cette campagne de 1812, 1813 et 1814, fut la bataille de Château-

  1. Rentré chez lui, Mgr Plessis s’empressa d’écrire ce qu’il venait de dire au gouverneur.