Page:Gagnon - Le fort et le château Saint-Louis (Québec), 1908.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
domination anglaise

M. Aubert de Gaspé parle assez fréquemment du château Saint-Louis dans ses Mémoires. Nous empruntons encore les lignes suivantes à cet aimable auteur octogénaire :

« Monsieur Louis-René Chaussegros de Léry appartenait aux gardes de Louis XVI ; étant en semestre, il eut le bonheur d’échapper au massacre du 10 d’août. De retour au Canada, il chantait une complainte empreinte de sensibilité qui faisait verser des larmes à ceux qui l’entendaient. Étant bien jeune alors, je ne me la rappelle que bien imparfaitement, mais je crois devoir la donner d’après mes souvenirs, laissant aux poètes le soin d’en rétablir le texte s’ils ne sont pas satisfaits du mien. La femme du gouverneur, lady Milnes, le pria de la chanter à un dîner, au château Saint-Louis ; mais, éclatant en sanglots après le premier couplet, elle quitta la table ; puis, revenant à l’expiration d’une dizaine de minutes, elle pria monsieur de Léry de continuer.

« Voici cette complainte, que les circonstances faisaient peut-être apprécier plus qu’elle ne mérite. Mais il faut dire aussi que l’air, empreint de tristesse, contribuait beaucoup à émouvoir les cœurs sensibles.


« Un troubadour béarnais,[1]
Les yeux inondés de larmes,
À ses montagnards chantait
Ce refrain, source d’alarmes :
Le petit-fils de Henri
Est prisonnier dans Paris !

  1. « Chacun sait que Henri IV était natif du Béarn, domaine de la maison d’Albret, réuni à la France par Louis XII. »