Page:Gagnon - Le fort et le château Saint-Louis (Québec), 1908.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
domination anglaise

reçu au château Saint-Louis avec tous les égards dus à son caractère et à son rang[1].

Nous avons dit que les Récollets étaient les aumôniers du château Saint-Louis sous le régime français, et que leur église et leur couvent étaient situés en face du Fort. Le 6 septembre 1796, un incendie éclata dans une construction de la rue Saint-Louis, et acquit en très peu de temps une grande intensité. Des étincelles portées par un fort vent du sud-ouest vinrent embraser le clocher de l’église et la toiture du couvent. Quelques heures après, ces spacieux édifices étaient réduits en cendre.

M. James Thompson, témoin oculaire de cet événement, en a fait le récit suivant, soixante-dix ans plus tard, à la demande de M. Ph. Aubert de Gaspé, un des membres de la Société des Antiquaires de Québec.

« Les Récollets. — L’incendie qui fut la cause de la destruction de l’église et du couvent des Récollets ainsi que de nombre de domiciles, éclata dans l’année 1796, vers la fin du mois de septembre dans l’écurie du juge Dunn (rue Saint-Louis), dans le cours de l’après-midi, par l’imprudence d’un petit nègre nommé Michel, un des serviteurs du juge. Par amusement, il tirait un petit canon dans l’écurie même : ce qui mit le feu aux fourrages y contenus. En peu de temps l’écurie fut en flammes. Étant moi-même auprès, je puis témoigner de la cause de l’incendie. Pour punition, le juge Dunn fit mettre le petit nègre à bord d’une frégate qui était alors dans le port. Au moment où le feu éclatait, il régnait un calme parfait. Mais lorsque le feu eut fait des progrès, il s’éleva

  1. L’abbé de Calonne avait passé six ans à l’île du Prince-Édouard avant de venir se fixer au Canada. Il mourut en odeur de sainteté, aux Trois-Rivières, le 16 octobre 1822.