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la guerre de sept ans

de la population. Les arts et les sciences, qui étaient très avancés à Québec et à Montréal, disparurent presque tout à fait, et ce n’est que vers le milieu du dix-neuvième siècle que nous avons pu reconquérir tout le terrain perdu de ce côté. La langue française reçut aussi dès l’inauguration du nouveau régime les premiers assauts qu’elle eut à subir en ce pays, par le fait de l’importation de marchandises portant des noms anglais et par le contact fréquent de la population de nos villes avec des artisans et des marchands ne parlant que la langue anglaise.

De 1760 à 1766, il n’y eut pas d’évêque en Canada, et, partant, pas d’ordinations. Humainement, Murray tenait le sort de l’Église canadienne dans ses mains, et il lui rendit un service inappréciable en favorisant la consécration de l’illustre Monseigneur Briand. Le nombre de prêtres catholiques dans tout le Canada descendit au chiffre de 138[1]. Les dernières années n’avaient pas été désastreuses seulement par la famine et par la guerre : les écoles primaires, florissantes au temps de Philippe de Vaudreuil et de Beauharnois, avaient été fermées ; les collèges classiques étaient déserts ; le nombre des religieuses de tout ordre était considérablement diminué. Pendant neuf ans, il n’entra aucune novice chez les Ursulines, à Québec. Écrasés sous le nombre, ruinés par l’incendie, les massacres et le pillage sous toutes ses formes, les Canadiens avaient oublié de s’occuper des écoles.

Immédiatement après la conquête, notre clergé dut suffire à toutes les tâches. Il le fit par ses conseils, par son initiative sage et prudente, par son esprit de sacrifice, par

  1. Juillet 1766. Au mois de septembre 1758, il y avait, dit Mgr H. Têtu, 181 prêtres dans le diocèse de Québec.