prochaines et il en est d’éloignées. Pour bien apprécier cet événement historique, il faut étudier tout le règne de Louis XV et la politique européenne du dernier de nos rois de l’ancien régime.
Les premières causes éloignées de la chute de Québec sont l’ambition de Marie-Thérèse d’Autriche et la confiance de Louis XV dans le génie politique de Madame d’Étioles[1]. Le roi se laissa entraîner dans des luttes qui affaiblirent la France et la mirent inutilement en conflit avec l’Angleterre. Celle-ci, vaincue d’abord, se releva et porta la guerre en Amérique alors que toutes les ressources de la France étaient requises pour faire face aux exigences de la guerre continentale européenne dans laquelle elle était engagée.
Les causes immédiates furent aussi nombreuses que frappantes. On reste surpris, en étudiant nos annales historiques, des conséquences graves qu’eurent souvent des circonstances tout accidentelles, peu importantes en apparence, et faciles à écarter. À un certain moment, tout le monde semble frappé d’aveuglement, d’impuissance ou d’incurie. L’illustre héros de Carillon lui-même livre hâtivement, malgré les représentations de Vaudreuil, la bataille des Plaines d’Abraham avec une partie seulement des troupes dont il peut disposer[2]. Bougainville, chargé de surveiller la rive du Saint-Laurent, passe la
- ↑ M. de Gaspé dit, dans ses Mémoires : « C’est une chose assez remarquable que je n’aie jamais entendu un homme du peuple accuser Louis XV des désastres des Canadiens, par suite de l’abandon de la colonie à ses propres ressources. Si quelqu’un jetait le blâme sur le monarque : Bah ! bah ! ripostait Jean-Baptiste, c’est la Pompadour qui a vendu le pays à l’Anglais ! Et ils se répandaient en reproches contre elle. »
- ↑ Levis, le seul homme qui eût de l’ascendant sur l’esprit de Montcalm, était absent.