point de vue des résultats, elle est un événement dans le XVIIIe siècle. Elle a sonné l’heure de l’indépendance américaine, d’où est née la grande République qui tend aujourd’hui à déplacer le centre de la civilisation.
« Les Anglais n’avaient eu que six cent soixante-quatre hommes tués, blessés et manquants. Les régiments qui avaient le plus souffert étaient ceux des Highlanders, du Royal American et d’Anstruther, les trois qui s’étaient battus contre les Canadiens. La perte des Français n’avait guère été plus considérable que celle des Anglais. Elle était de sept à huit cents hommes, tués, pris ou blessés, d’après le Journal tenu à l’armée ; seulement de six cents soldats et quarante officiers, au rapport de Vaudreuil. »
Montcalm, mortellement atteint, rentra dans la ville, soutenu sur son cheval par trois grenadiers. Des femmes qui le rencontrèrent sur la rue Saint-Louis, voyant son sang couler de ses blessures, se mirent à pleurer en s’écriant : — « Oh mon Dieu ! mon Dieu ! le marquis est tué ! » Toujours affable, et s’efforçant de sourire, le général leur dit : — « Ce n’est rien ! ce n’est rien ! Ne vous affligez pas pour moi, mes bonnes amies. »
On le déposa chez le chirurgien Arnoux, rue Saint-Louis, où un personnage ecclésiastique s’empressa de se rendre pour lui administrer les derniers sacrements.
Le vainqueur de Carillon mourut en soldat chrétien et édifia tous ceux qui l’entouraient par les sentiments religieux. Sa dernière préoccupation terrestre fut pour ses soldats malades et blessés. Il fit adresser à Townshend, successeur de Wolfe dans le commandement de l’armée ennemie, une lettre dans laquelle il les recommandait tout spécialement à ses « bontés, » et rappelait aussi le « traité d’échange convenu entre Sa Majesté très chrétienne et Sa Majesté Britannique. »