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la guerre de sept ans

de se rendre à son désir, le gouvernement donna plus de latitude à l’initiative du général et restreignit, celle du gouverneur.

Il ne nous appartient pas de signaler dans cette monographie toutes les phases du grand drame où furent jouées les destinées de la Nouvelle-France, ni de raconter cette série de combats qui commence avec la victoire de la Belle-Rivière pour se terminer avec celle de Sainte-Foy. Nous ne dirons pas l’arrivée à Québec de Montcalm, de Levis, de Bougainville, de Bourlamaque[1] et de tous ces brillants officiers qui, avec les régiments de la Reine, de Royal-Roussillon, de Languedoc, de Béarn, de La Sarre, de Guienne, de Berri, les troupes de mer et les milices canadiennes, se couvrirent de gloire, les uns à Chouaguen ou au Fort-George, d’autres à Montmorency, tous à Carillon, dans la victoire du 8 juillet 1758[2].

  1. 13 mai 1756. — L’année même de l’arrivée de Montcalm à Québec, la France, par le fatal traité de Versailles, s’allia à l’Autriche, qu’elle avait toujours combattue, « et se laissa entraîner dans une guerre continentale par Marie-Thérèse, qui, voulant reprendre la Silésie au roi de Prusse, flattait adroitement la marquise de Pompadour, avec qui elle entretenait un commerce de lettres, et qu’elle appelait sa chère amie. La France eut à combattre à la fois sur terre et sur mer, quoique l’expérience lui eût enseigné depuis longtemps qu’elle devait éviter soigneusement cette double lutte et que Machault s’efforçât de le faire comprendre à Louis XV ; mais la favorite tenait à l’alliance de l’impératrice-reine ; le ministre de la guerre et les courtisans, étrangers au service de mer, tenaient à la gloire qui s’offrait à eux dans les armées de terre ; le gouvernement oublia la guerre contre l’Angleterre, la seule importante, la seule où la France eût été provoquée, et il dirigea ses principales forces vers le nord de l’Europe, abandonnant à peu près à elles-mêmes ses vastes possessions de l’Amérique septentrionale. » — F.-X. Garneau. — Hist. du Canada.
  2. Montcalm, en digne fils de la noble France, fit arborer sur le point culminant du champ de bataille de Carillon une grande croix de bois devant laquelle chacun vint se prosterner, pendant que toute l’armée chantait le Te Deum. Cette croix portait l’inscription suivante, composée par le général après la victoire :

    Quid dux ? Quid miles ? Quid strata ingentia ligna ?
    En Signum ! En victor ! Deus hic, Deus ipse triumphat !